Saga: Le premier Grand Prix de Honda (3)

Actualités Motos Sports Vincent Marique
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Tout a débuté au TT de l’île de Man en 1959…

(Premier volet: cliquez ICI.)

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Curiosité exotique

Les autres teams arrivèrent sur l’île à la fin du mois de mai. Dès cet instant, l’animation montait de plusieurs crans sur l’île de Man. L’équipe japonaise était le centre de toutes les attentions. Beaucoup n’imaginaient même pas que l’on pouvait concevoir des motos au Japon. Et la presse ne savait pas ce qu’il fallait en penser. Tout était différent. Leur écriture était illisible. Revêtus de combinaisons immaculées, les mécanos travaillaient à une vitesse incroyable. En ayant assez d’être l’objet de toute cette attention, le team décidait de travailler en soirée et la nuit. Comme au Japon. Pour tout le monde, cependant, c’était la preuve que le team n’était pas très efficace. S’ils devaient encore travailler la nuit, c’est que tout n’allait pas comme il le fallait. « Ils courent comme des souris pendant la nuit », titra même un journal local. Le team fut surpris par la vitesse de ses concurrents, spécialement les motos d’usine italiennes de MV Agusta et Ducati, mais aussi les MZ est-allemandes, des machines confiées à des pilotes tels que Luigi Taveri, Tarquinio Provini, Mike Hailwood, Carlo Ubbiali, Horst Fügner et Ernst Degner. La plupart des pilotes de pointe étaient plus d’une minute au tour plus rapides que les meilleurs des pilotes Honda. L’équipe savait que ses chances de victoire étaient nulles. Mais l’expérience emmagasinée serait très utile pour le futur. La course était aussi vue comme un test de fiabilité pour les pilotes. « Si nous ne gagnons pas cette année, nous ne gagnerons pas non plus l’an prochain. Finir cette course, c’est le plus important ! » Voilà ce que déclara Kawashima sur la ligne de départ, juste avant la course. Cela apporta un peu de sérénité aux pilotes, qui étaient très intimidés par tout le barnum autour de cette course. Peu après le départ, les pilotes Honda commencèrent rapidement à reculer au classement. Bill Hunt chuta et renonça. Les autres pilotes se concentrèrent pour boucler les tours avec le plus de régularité possible, essayant aussi d’économiser leur monture. Cette tactique allait s’avérer payante – sauf pour Bill Hunt évidemment – puisque tous les pilotes Honda terminèrent le premier TT et le premier Grand Prix disputé par leur employeur !

Des débuts réussis

Tarquinio Provini remportait la course sur sa MV à la vitesse moyenne de 119,19 km/h, devant la MZ de Taveri, la Ducati de Hailwood, la MZ de Fügner et la MV de Ubbiali. À une respectable 6e place, mais à 7 minutes du vainqueur, on retrouvait la Honda RC142 de Naomi Taniguchi, qui avait bouclé le TT à une vitesse moyenne de 109,90 km/h. Aux 7e et 8e rangs suivaient ses équipiers Giichi Suzuki (107,36 km/h) et Teisuke Tanaka (105,72 km/h). Junzo Suzuki suivait à la 11e place, avec une moyenne de 102,69 km/h. Les meilleurs pilotes avaient bouclé en moyenne le tour en 8 minutes et 40 secondes. Le meilleur tour d’une Honda fut réalisé en 9 minutes et 22,2 secondes. Mais les Honda avaient aussi été très régulières, terminant à de belles 6e, 7e, 8e et 11e places. Ce qui valait au team le trophée des Constructeurs. Le premier d’une longue collection qui allait orner la salle d’expositions des trophées chez Honda. Le team était également ravi de cette récompense, mais aussi du résultat obtenu.

De retour au Japon, les membres de l’équipe étaient accueillis en héros. Le gouvernement japonais citait Honda en exemple pour l’industrie motocycliste. Honda promettait aussi de retourner sur l’île de Man pour remporter la victoire. L’usine tenait cette promesse en 1961 avec la victoire de Mike Hailwood sur le TT dédié aux 125 cm3. Le Top 5 était d’ailleurs entièrement occupé par des pilotes Honda ! Le succès était également au rendez-vous lors de la course des 250 cm3. En plus d’offrir à Honda une deuxième victoire au Tourist Trophy, Hailwood devenait cette année-là Champion du Monde en catégorie 250. Ce titre mondial était le premier pour Honda. C’était aussi le premier de Hailwood avec Honda. Au total, le pilote anglais allait remporter pas moins de cinq titres mondiaux avec Honda. La marque japonaise remportait aussi le titre mondial en 125 cm3 en 1961, grâce à un autre pilote officiel, l’Australien Tom Phillis.

Honda allait poursuivre sur sa lancée, remportant pas moins de sept TT et plus d’une douzaine de titres mondiaux en catégories 50, 125, 250, 350 et 500 cm3 jusqu’à son retrait de la compétition moto en 1967 pour se concentrer sur la Formule 1. À cette époque, la marque Honda était établie sur tous les continents, présente autant sur les routes que sur les pistes. La politique de production de Honda pour ses modèles de série allait lui permettre de connaître quelques succès majeurs sur le plan commercial. Avec par exemple le Super Cub qui vit également le jour en 1959. Ou, dix ans plus tard, la CB750 qui allait pour toujours bouleverser l’univers de la moto. Mais ce n’était qu’une question de temps avant que Honda ne fasse son retour en compétition sur circuit. Ce retour, Honda l’effectuait en 1979 avec la sensationnelle NR500 4-temps, dotée d’un bloc à 4 cylindres avec des pistons de forme ovale. Après le passage au 2-temps, le deuxième âge d’or de Honda en compétition pouvait démarrer. Aujourd’hui, Honda est encore totalement présent sur la scène de la compétition. Et dire que tout a commencé sur l’île de Man en 1959…