Saga: Le premier Grand Prix de Honda (2)

Actualités Motos Vincent Marique
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Tout a débuté au TT de l’île de Man en 1959…

(Premier volet: cliquez ICI)

Apprendre et fiabiliser

En 1958, sous la direction de Kiyoshi Kawashima, Honda n’épargnait pas ses efforts pour peaufiner le design de ses moteurs et les fiabiliser. Soichiro Honda persuada le constructeur italien Mondial de lui vendre l’une de ses motos de course. Il s’agissait d’une 125 de 1956, dotée d’un moteur à double arbre à cames en tête. Cette moto était acheminée vers le Japon, où elle était analysée en profondeur. Honda allait beaucoup apprendre de cette moto, faisant progressivement croître la puissance de son propre moteur 125.

En janvier 1959, la nouvelle Honda 125 était prête. Elle avait pour nom « RC141 ». Cette moto de course disposait d’un bloc bicylindre de 124 cm3. Un moteur « hypercarré » avec des valeurs d’alésage et de course de 44 x 41 mm. Un arbre entraînait les doubles ACT, qui à leur tour contrôlaient les soupapes de chaque cylindre. Le vilebrequin était fractionnable horizontalement. Et une boîte 6 vitesses équipait de série cette RC141, qui développait 15,3 ch, un peu plus de 1 cheval de moins que la Mondial de 1956. Mais Soichiro Honda pensait que ce serait suffisant. L’heure était venue de s’engager pour ce fameux Tourist Trophy de l’île de Man 1959 en catégorie 125 cm3. Les pilotes furent sélectionnés au sein du H.S.C., le Honda’s Speed Club, sa propre école de formation de pilotes.

L’équipe d’usine Honda qui s’aligna lors du Ultra-Lightweight 125cc TT de 1959 était constituée de 9 hommes : le responsable du team, Kiyoshi Kawashima, les pilotes Giichi Suzuki, Junzo Suzuki, Teisuke Tanaka et Naomi Taniguchi, les mécaniciens Hisaichi Sekiguchi et Shunji Hirota, le Team Manager Yoshitaka Iida et l’Américain Bill Hunt. Ce dernier, en plus d’être pilote, faisait office d’interprète. L’équipe voyagea sous le nom de Okura Trading Co. afin d’éviter de créer la confusion avec l’exportation de moteurs. Il était aussi bien plus facile pour une entreprise commerciale d’obtenir les lettres de change et les visas de voyage du gouvernement japonais.

Coutumes locales

Le 5 mai 1959, un mois avant la course, l’équipe débarquait sur l’île de Man après un entraînement poussé pour s’acclimater aux coutumes occidentales, comme par exemple manger avec un couteau et une fourchette. Le tracé de plus de 60 kilomètres avait été étudié dans les détails. Chaque virage était gravé dans la mémoire des pilotes. Les moteurs arrivèrent par cargo, en même temps qu’une belle réserve de nourriture. La première chose que l’équipe dut faire, c’est éliminer la corrosion qui s’était déposée sur ces moteurs, qui avaient pas mal souffert durant la traversée. Quant à la nourriture, les Japonais durent tout simplement s’en débarrasser. Ils allaient devoir compter sur la cuisine du médiocre Nursery Hotel dans lequel le team logeait. Durant leur séjour, les Japonais devaient s’habituer aux coutumes locales et à la viande de mouton, qui constituait alors la plus grande partie du menu au Nursery Hotel. Une première douche froide touchait les représentants de Honda quand ils comprenaient que la course n’allait pas se tenir sur le Mountain Circuit, le long tracé, mais les 17,63 km du Clypse Course. Bref, toute la préparation du tracé en amont avait été vaine. Heureusement pour Honda, le team avait aussi eu de bonnes nouvelles. Juste avant le départ vers l’île de Man, de nouvelles culasses à 4 soupapes par cylindre étaient prêtes pour la RC141. Le team en emportait quelques-unes dans ses bagages. Avec cette nouvelle culasse à 4 soupapes, la RC141 était rebaptisée RC142.

En plus de ses motos de course, l’équipe avait amené des bicylindres Benly de série de 125 et 150 cm3. Ces motos furent utilisées pour reconnaître le tracé. En amont de la course, le team dut faire face à toutes sortes de problèmes de qualité, endommageant des pistons et cassant des chaînes par exemple. Leurs casques furent également refusés. Le team dut ainsi acquérir de nouveaux casques. L’équipe comprenait rapidement qu’il lui restait pas mal de travail. Le team fut aussi surpris d’être le seul à s’entraîner sur place aussi tôt, réalisant alors seulement que la saison des Grands Prix battait son plein.

(à suivre)