Zero Motorcycles SR/S: Déclinaison (encore plus) sportive

Essais Motos Laurent Cortvrindt
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Petit à petit, Zero Motorcycles complète sa gamme. Presque un an jour pour jour après le lancement de son premier roadster, la SR/F, voici que le constructeur californien dévoile une routière sportive: la SR/S. Elles semblent désormais bien loin, les sages petites motos urbaines et aventurières qui composaient, à elles seules, la gamme Zero…

Quatorze ans. Voici déjà quatorze ans que Zero Motorcycles façonne l'électromobilité sur deux roues. «Zero», c’est le Tesla de la moto. Une marque exclusivement tournée vers l’électrique, une marque littéralement investie d’une mission et qui ne se dote pas de telles machines pour «faire tendance» ou, comme en automobile, baisser la moyenne des rejets de CO2 de sa gamme.

Après tant d’années de militantisme, Zero récolte enfin le fruit de ses efforts. En effet, le secteur ainsi que les autorités – avant le marché – se préparent de plus en plus à l’électromobilité. Avec la nouvelle plateforme SR/F-S, Zero Motorcycles espère d'ailleurs doubler ses ventes, le roadster et la GT-sportive devant se partager les efforts, et le succès futur, de façon presque équivalente. Avec son design inspiré de l’aérospatiale, la SR/S se dote d’un carénage complet et aérodynamique.

Grâce à l'effet bouclier généré par ce dernier, la marque annone une amélioration de 13% de l’autonomie par rapport à la SR/F… si le pilote accepte de jouer à la sole, couché sur le réservoir, derrière la bulle. Car en effet, par rapport au roadster, la position des repose-pieds a été abaissée et les poignées ont été relevées, ce qui bénéfice au dos du pilote, plus droit, générant donc une conduite plus détendue et confortable. Par contre, résultat des courses, la résistance à la pénétration dans l'air augmente… et annihile le gain généré par le carénage. 1-1, balle au centre.

Ceci mis à part, la SR/S propose sans doute le design le plus abouti de la marque, avec des réminiscences d'ancienne Fireblade et de Ducati Supersport dans sa face avant. La finition se veut en tout cas soignée, le carénage est composé d'un minimum de pièces, le tout donnant vraiment une impression de cock-pit avec des surfaces parfaitement planes et lisses, ainsi que des lignes stylistiques très épurées. L'inspiration aéronautique est ici très perceptible.

Par contre, seuls deux coloris apparaissent au catalogue: un gris gloss très tendance et un bleu style TMAX. Un peu plus d'audace aurait été reçu avec plaisir. Pour les escapades à deux, Zero a aussi pensé au passager en agrandissant l'assise, grâce à une boucle arrière plus généreuse, permettant d'ailleurs de supporter un top-case et des valises latérales.

Enfin, on notera les rétroviseurs placés sous le guidon, dans le carénage, et dont les branches se révèlent pliables pour remonter les files. Surprenant au début, on regarde systématiquement trop haut, mais avec un peu d'habitude, cette innovation ne semble pas idiote puisque les rétros semblent passer sous ceux des voitures. À confirmer en essai réellement urbain.

Connectivité

Ce ne sera pas une surprise pour les habitués de Zero Motorcycles, cette nouvelle machine tournée vers le futur nous sort le grand jeu en matière de connectivité, avec au menu: l'état et les alertes concernant la moto, l'état de la charge, le partage des données de roulage et la mise à jour et à niveau du système.

Premièrement, la SRS/S peut donc alerter son propriétaire concernant le statut de la moto. Ceci inclut les interruptions de charge et les notifications en cas de bousculade sur la moto ou de déplacement imprévu. À cela s’ajoute la fonction «Find my bike» qui permet aux propriétaires de garder continuellement un œil sur la moto… ou, au plus distraits, de la retrouver.

Deuxièmement, la SR/S permet de définir à distance les paramètres de charge, y compris les niveaux souhaités, la notification de l’état de charge, la planification du temps de charge et le suivi de charge. Ces notifications permettent au motard de contrôler tous les aspects de la phase de chargement et de surveiller leur statut, même étant éloigné de la moto.

Intéressant notamment pour programmer ou lancer une charge en fonction d'un tarif horaire avantageux, sans devoir retourner physiquement au garage.

Troisièmement, les propriétaires de SR/S pourront rassembler, et partager, un grand nombre de données sur leurs sorties grâce à l’application. La moto enregistre des données comme la localisation, la vitesse, l’angle d’inclinaison, la puissance, le couple et l’énergie générée et réutilisée. Les motards pourront revivre leur chaque sortie mais également choisir d’ajouter des contenus supplémentaires pour conserver une trace et partager la totalité de leur expérience. Ces données peuvent, bien entendu, rester anonymes… on comprend aisément pourquoi!

Enfin, quatrièmement, les nouvelles mises à jour et le diagnostic des capacités permettent aux propriétaires de la SR/S de télécharger à distance la dernière version de Cypher III, doux nom du système d'exploitation de la machine, pour s’assurer l’optimisation des performances et accéder à une amélioration des options. Petit détail amusant: malgré cet arsenal, la SR/S se démarre toujours à l'aide d'une bonne vieille clé.

Nouvelle expérience

Il est à présent temps de monter en selle. Si vous lisez toujours cet article, je vous remercie déjà pour votre ouverture d'esprit. Que vous soyez acheteur potentiel ou pas du tout m'importe d'ailleurs très peu. Quant aux autres, ils est encore temps de changer d'avis avant de mourir idiots. Car en effet, rouler avec une moto électrique, c'est la certitude de bouleverser ses sens.

Même si, on le sait, l'être humain n'aime pas le changement. Et le motard encore moins. Avec une moto électrique, pas de bruit, pas d'odeurs, pas de vibrations. Votre ouïe, votre odorat et votre toucher seront mis différemment en éveil par ce feeling un peu aérien, de tapis volant supersonique. Certes, le caractère moteur donne le ton d'une moto traditionnelle. Cette conception est néanmoins à abandonner. En échange, sur une électrique, les sens se révèlent davantage en harmonie avec l'environnement et la moto devient encore plus une extension de sa personne.

Une expérience à découvrir, au moins une fois, afin de pouvoir réellement juger. Bon, ça c'est pour la théorie.

Concrètement, on retrouve du matériel connu puisque le bloc, les suspensions et les freins sont ceux du roadster. Seuls les réglages des suspensions ont été revus afin d'offrir davantage de confort. Le moteur baptisé ZF 75-10 libère toujours 190Nm instantanément. De quoi vous propulser en un instant jusqu'à la vitesse de pointe, cette fois encore limitée à 200km/h. Peut-être est-ce dû à la protection correcte face au vent et, en tout cas, nettement plus généreuse que sur le roadster, mais j'ai pourtant l'impression que cette SR/S accélère moins fort que la SR/F. Alors qu'il n'y a aucune raison que ce soit le cas. Peut-être suis-je aussi déjà en train de m'habituer à ce type de conduite, ce qui amenuise forcément l'effet de surprise?

Au niveau des freins, par contre, c'est le même feeling. Le matériel signé J. Juan s'acquitte parfaitement de son job même si, à titre personnel, j'aurais préféré davantage d'aide du frein moteur. La cartographie Street ne me convenant pas, je passe à la Sport mais la différence se révèle minime sur ce point (au contraire de l'accélération effectivement plus marquée).

Eco et Rain ne servant à rien dans ce cas, je devrai passer par la case Custom et l'une des 10 options personnalisables. De quoi voir venir et satisfaire toutes mes préférences. Comme sur la SR/F, précisons que l'électronique des modes de conduite de même que les aides à la conduite (ABS, freinage de virage, contrôle de traction, contrôle de stabilité, la connectivité…) sont toujours contrôlés par Sypher III. Au cours de notre balade, j'observe mes camarades depuis la fin du peloton et je note que personne ne roule en mode sole limande. Tant pis pour le rayon d'action…

Malgré un poids certain qui se ressent dans les épingles, la SR/F se laisse aisément mener et propose un confort plutôt généreux, sauf au niveau de la selle que j'ai rapidement senti abandonner mon fessier. Encore au niveau du confort, les suspensions se sont effectivement révélées plus souples, ce qui réclamera un peu plus d'implication du pilote en conduite sportive dans le sinueux. On sent d'ailleurs à cet instant que le caractère «GT» prend le pas sur le trait «sportif» de la SR/S. Entre confort et sport, l'équilibre se montre souvent précaire.

Question incontournable

Nous ne saurions évidement conclure ce sujet sans parler de l’autonomie. Selon des tests réalisés en interne par Zero, le rayon d’action moyen de la SR/S serait fixé à 168km, sans Power Tank additionnel et à 219km avec Power Tank. Ceci, en usage «récréation». Soit une sortie fort similaire à la nôtre: quitter notre hôtel à Sophia-Antipolis, mettre le cap sur Fréjus via un petit bout d’autoroute avant la corniche de bord de mer pour la vue, repiquer à l’intérieur des terres pour trouver du virolo avant de rentrer au bercail. Résultat? 118km dans le buffet et… 12% de réserve de batterie.

La première moitié ayant été effectuée en mode Street et la seconde en mode Sport. Faites le calcul vous-même: sans Power Tank, 130km d’autonomie semblent plus réalistes pour celui qui ne veut pas à chaque fois stresser sur les derniers kilomètres en fixant l’état de sa batterie…

Avec le Power Tank, Zero Motorcycles annonce 323km d’autonomie maximale, donc avec des circonstances de conduite idéales. En clair, en ville. Bon point par contre, le système rapide de charge s’appuie sur le réseau de stations de chargement de niveau 2, soit le plus répandu. Avec le chargeur standard de 3kW, comptez sur une charge de 4 heures. Des options pour passer à 6kW (version premium), voire 9kW et 12kW (en remplissant le case box avec un chargeur additionnel), la SR/S peut obtenir la capacité de charge la plus rapide de la gamme Zero Motorcycles: soit de 0% à 95% en 1 heure.

Conclusion

Si vous avez apprécié le menu servi par la SR/F, il n’y a vraiment aucune raison de ne pas aimer la recette de la SR/S. Zero Motorcycles nous repasse les plats, sur base des mêmes ingrédients, à l’exception des suspensions un peu plus souples et d’une meilleure protection. Le modèle standard de la SR/S, avec le Rapid Charger 3kW, est disponible à partir de 21.900€.

La version premium, dotée du Rapid Charger 6kW, des poignées chauffantes et de barres aluminium, se voit, quant à elle, proposée au tarif de 24.140€. Toutes les options liées à la connectivité sont offertes durant deux ans à l’achat de la moto.

Les up

– Performances moteur

– Confort général

– Autonomie en hausse…

Les down

– Mais uniquement couché…

– …et pas encore exceptionnelle

– Selle un peu dure

Disponibilité: immédiate

Autonomie maximale annoncée: 323km

Tarif de base: 21.900€