Yamaha YZF-R3: Déjà bien plus qu’il n’en faut?

Essais Motos Laurent Cortvrindt
Partager

Si l’on considère les chiffres de vente, les motos de 300cc peuvent se sentir quelque peu coincées entre, d’une part, les 125cc ouvrant l’accès au monde des deux-roues motorisés à un large public et, d’autre part, les 600cc+, sensiblement plus statutaires. Dommage, car cette cylindrée qui a énormément progressé depuis quelques années propose peut-être le meilleur rapport prix/prestations/plaisir du marché. À l’instar de cette Yamaha R3.

Je conserve un excellent souvenir d’un comparatif réalisé avec Arnaud Brochier, à Mettet, où nous avions opposé la R3 «première génération» à la KTM RC390. Hasard du programme réservé par Yamaha, un tracé similaire m’attend. Sur la piste namuroise, nous avions tous deux trouvé la R3 nettement plus aisée à prendre en main. Par contre, nous tournions chacun deux secondes moins vite à son guidon qu’avec l’autrichienne. En cause: une garde au sol pénalisante.

Aussi, avant d’attaquer les 2.200m de la piste du circuit de la Ribera et, surtout, sa vingtaine de courbes, je jette un œil aux témoins sous les repose-pieds. Ils ont été préventivement retirés par le staff technique. Ceci va changer pas mal de choses… Mais avant d’en découdre, je prends un peu de recul pour apprécier le travail des designers. C’est qu’elle en jette, cette nouvelle R3!

Certes, les goûts et les couleurs restent très personnels. Mais je la trouve magnifiquement réussie, avec ses airs de R1 et de MotoGP. Yamaha ne s’en cache d’ailleurs pas: l’objectif consistait bien à proposer une machine esthétiquement plus aboutie, directement inspirée par ses prestigieuses grandes sœurs. Sous le nez, j’ai donc un nouveau carénage avant et une bulle au look plus agressif.

L’aérodynamisme général se voit également amélioré. Développé en soufflerie et sur piste, cette nouvelle face avant réduit la résistance dynamique de 7% et permet d’augmenter la vitesse de pointe de 8km/h, histoire de venir titiller la barre des 190.

Autre nouveauté, la prise d’air centrale inspirée de la M1 dirige le flux vers le radiateur, contribuant de la sorte à mieux refroidir le moteur. Les phares et feux de position passent au LED et un nouveau tableau de bord LCD fait son apparition. Commandé via deux boutons, malheureusement pas au guidon, celui-ci nous renseigne sur la vitesse, le régime moteur, la température du liquide de refroidissement, la jauge, le rapport engagé, l’heure et, au choix, le trip A ou B, l’odomètre, la consommation instantanée ou la consommation moyenne. Pas de température de l’air ou de message personnalisable, comme sur la 125.

Polyvalente grand public

Déjà très agréable et évidente à prendre en main, la nouvelle R3 se peaufine encore au niveau de la maniabilité, ce que confirment immédiatement les premiers tours de roue. Le guidon a été abaissé de 22mm et le réservoir, d’une contenance préservée à 14 litres, s’élargit de 31,4mm au-dessus des genoux et de 20mm au niveau du bouchon de réservoir. Machine et pilote entrent encore plus rapidement en harmonie et après un tour de reconnaissance de circuit, j’ai l’impression de connaître cette moto depuis beaucoup plus longtemps.

Cette nouvelle ergonomie sied en tout cas aux débutants sur circuit ou aux amateurs qui ne se refusent pas une petite sortie de temps en temps. Les fins limiers de l’asphalte, naturellement, se tourneront vers quelque chose de plus racé. Car avec sa selle assez basse placée à 780mm du sol, la R3 se destine, en effet, à un public très large, jeune ou moins jeune, masculin et féminin. Cela ne signifie toutefois pas que l’on se traine forcément à son guidon. Au contraire, quel plaisir de balancer ses 167kg tout mouillés d’un gauche à un droite.

La puissance n’effraye pas mais on bénéficie quand même de relances bien plus vigoureuses qu’avec la 125. On pioche moins dans la boite, on s’amuse à freiner très tard, et on se jette littéralement au point de corde que l’on maintient sans souci. Un excellent outil, vraiment, pour apprendre ses trajectoires et le B.A-ba de la conduite sportive. Dotée d’une nouvelle fourche inversée KYB de 37mm, d’une suspension arrière Monocross avec amortisseur KYB autorisant un réglage de la précharge et d’un long bras oscillant asymétrique, la R3 se montre parfaitement à son aise dans toutes les circonstances que nous offre ce tracé de la Ribera.

Un galop rapide dans les collines entourant Valence nous permet ensuite de valider que… sur route ouverte, cette R3 en a déjà largement assez dans le coffre pour se payer de belles sensations. Aux allures légales, en la menant tout en décontraction et sans se fatiguer. Ou à un rythme beaucoup moins avouable, sans suer de grosses gouttes et en ne se sentant jamais dépassé par les événements.

Toujours agréable, de constater que l’on reste maître de sa monture. Le bicylindre fait ressentir très peu de vibrations, sauf dans les pieds et au-delà de 9.000 tours. Le frein arrière seconde bien un frein avant pas hypermordant mais néanmoins suffisant à sa tâche. La boîte de vitesses ne souffre ni de points morts ni de rudesse mais elle ne permet pas de passer les vitesses à la volée, comme on le pouvait sur la 125.

La polyvalence circuit-route étant validée, il nous restait à emprunter quelques boulevards valenciens avant de rentrer à l’hôtel. Cet apéritif urbain a également laissé apparaitre de belles dispositions grâce à cette position très relax pour une sportive, autorisant un rayon de braquage de 32° tout à fait suffisant pour se faufiler aux feux rouges.

Encore plus que sur la 125, on ne regrettera finalement que des rétroviseurs peu exploitables et, surtout, des leviers de frein et d’embrayage fixes. D’autant plus dommage pour une machine voulue grand public qu’il s’agit là vraiment de pingreries dans le développement complet d’une moto…

————

Prix de base: 5.999€

Disponibilité: immédiate

Consommation affichée: 4,5l/100km

Les up

– Excellent compromis ville/route

– Aussi à l'aise sur circuit

– Facilité de prise en main

Les down

– Leviers non réglables

– Instrumentation un peu chiche

– Garde au sol en virage