Silencieux Akrapovic – Scooter rageur

Essais Produits Laurent Blairon
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Spécialiste du monde de la compétition, sur deux ou quatre roues, le Slovène Akrapovic surfe aujourd’hui sur la vague opportuniste du scooter. Or, monter un Akra sur son scoot’, est-ce bien raisonnable?

Akrapovic fait tout pour atteindre une position dominante sur le marché! Honda, BMW, KTM, Yamaha et on en oublie ont conclu des accords avec le Slovène qui peut ainsi se targuer de figurer sur la liste d’options de la plupart des constructeurs majeurs. C’est ce qui s’appelle couper l’herbe sous le pied des concurrents.

Syndrome «vroum-vroum»

Au fait, pourquoi monter un pot sur un maxiscooter? Plusieurs éléments, le premier étant viscéral, comprenez-nous: nous souffrons tous du syndrome du gamin qui fait «vroum-vroum». Rappelez-vous votre cyclo 50cc, dont la première transformation après le rodage était l’amputation de la chicane avant de passer au véritable pot de détente, histoire que ça pète un peu! Avec l’âge, ça ne passe pas. Question de manque de personnalité mécanique des scooters aussi. Plus de bruit, c’est plus de charme. La plupart de acheteurs se donnent bonne conscience en revendiquant le droit au «vacarme utile»: honorer son maxiscooter de notes plus expressives, c’est aussi mieux se faire repérer (respecter?) dans le trafic. Excuse débile ou argument éminemment fondé, il nous a bien fallu constater à plusieurs reprises que quelques coups de gaz ont souvent suffit à nous rendre plus «visibles» par des automobilistes ou piétons distraits. Des utilisateurs intensifs affirment plus ironiquement que dans une circulation dense, le bruit, c’est la vie, au sens propre comme au figuré.

Cela dit, ne nous voilons pas la face, nous avons aussi été épris de la sensation d’agacer les passants, en redémarrant plein gaz au passage du feu vert. Ce silencieux est homologué, certes, mais on flirte plus que certainement avec les normes tolérées (86dB à 3.750tr/min). Remarque intéressante, depuis le montage, nous avons légèrement changé notre façon de conduire. Ménager ses accélérations et anticiper davantage ses décélérations permet d’éviter les torsions trop insistantes sur les gaz et donc de réduire son empreinte sonore. Par la même occasion, le style coulé abaisse les moyennes de consommation!

Pot looké

Second élément de réponse, la qualité des ports d’origine laisse souvent à désirer, c’est en tout cas le cas de notre Vespa de rédaction. L’acier utilisé chez Piaggio, de piètre qualité, ne met pas deux ans avant de se trouer, rongé par la rouille! En outre, si vous rencontrez la malchance de détruire votre pot d’origine lors d’une chute, le coût du remplacement est souvent exorbitant. C’est aussi le cas de notre Vespa. Dès lors, on a vite fait de porter son attention vers les spécialistes after market. Les modèles Akrapovic existants (pour de multiples maxiscooters, voir site)  reprennent tous un look clairement moderne et sportif que certains regrettent, en particulier sur un Vespa. Mais justement, c’est ce qui assure aussi un certain cachet à votre scooter. Les goûts et les couleurs…

Montage facile

Lorsque l’on déballe notre silencieux (de type «Slip-on», il ne s’agit donc pas d’une ligne complète) de sa boîte on est d’abord frappé par sa finition et sa beauté. Une très belle pièce en titane dont l’extrémité est recouverte d’une coiffe en carbone. Jolie, cette dernière aura cependant vite fait de se marquer (photo). Cela dit Akrapovic base son succès sur plusieurs critères, dont celui de la qualité des matériaux. Le titane utilisé provient d’un fournisseur japonais et répond à un cahier des charges très pointu. Outre sa finition enjôleuse, le titane apporte un autre avantage: il résiste à la corrosion et, surtout, il est plus léger que l’acier. L’élément d’origine de notre Vespa pèse un peu plus de six kilos alors que le silencieux Akra accuse seulement 3,5 kilos sur la balance, soit un gain appréciable de 2,5 kilos. L’opération de montage est à la portée de tous, à conditions de manier de temps en temps la clé de douze et de juste prendre son temps. Trente minutes et la mue est opérée.

1 cheval

Pour analyser la différence de puissance entre la Vespa 250 équipée du pot d’origine et la même montée en Akrapovic, nous n’avons pas pris la peine de la passer au banc. Pour la simple et bonne raison qu’Akrapovic joue la transparence. Tout figure sur le site du constructeur: la pose de silencieux ne vous fait gagner qu’un seul ch! Pas de quoi parler de transfiguration du caractère même s’il faut bien constater un léger surplus de punch sur les schémas de passage au banc. Le gain en poids cité plus haut n’est pas plus perceptible.

Akra ou pas?

Si vous tablez uniquement sur le gain en puissance, pas la peine de casser votre tirelire. Ce joli silencieux titane et carbone coûte tout de même la bagatelle de 480€. Cela dit, si vous êtes sensible aux métaux nobles et au travail bien fait, cet accessoire devrait vous séduire. Plus classe, plus noble, il embellit indiscutablement votre scooter. Pour le bruit, c’est autant un argument positif que négatif, à vous de choisir votre camp. Pas vraiment discret mais pas invivable non plus, il permet en tout cas de bien signaler sa présence lors d’une remontée de files de voitures à l’arrêt. Verdict: un Akra sur un scoot, sans doute superflu pour les uns mais nous on a beaucoup aimé! 

Un essai signé Laurent Blairon et publié dans le Moto 80 n°735.