Mash Adventure 400 – Pourquoi faire lourd et compliqué ?

Essais Motos Philippe Borguet
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Après la Five Hundred, les Chinois de Mash sont revenus au b.a-ba du trail avec la Adventure 400cc. Une machine simple, légère et efficace!

En consultant la liste des trails routiers actuellement sur le marché, vous constaterez vite qu’on parle uniquement de grosses mécaniques, onéreuses, puissantes, bourrées d’électronique et pesant un poids souvent rédhibitoire. On est loin de l’idée première de ces trails qui fleurirent à l’heure des premiers rallyes-raids et qui dérivaient de machines d’enduro. S’appuyant sur un passé résolument tout-terrain et qui valut à la France ses premiers champions de la spécialité, la Sima (Hyosung, Mash, Gas Gas…) était bien expérimentée pour demander à ses fabricants chinois de décliner l’actuelle Shineray Kougar en version trail. D’autant que, pour l’heure, cette niche de marché est complètement inexploitée et susceptible d’intéresser les jeunes possesseurs de permis A2. Ceci explique sans doute sa cylindrée et sa puissance de 29ch. Sans casser la baraque, le look haut perché de cette Adventure 400 est joli, aux couleurs discrètes que certains apprécieront et que d’autres auraient aimer plus joyeuses. Clinquantes sous le soleil, les deux valises latérales en alu soulignent son côté baroudeur. Faciles à poser et déposer, fermant à clef, elles affichent un volume total de 80l mais ne peuvent malheureusement pas accueillir un quelconque casque.

Type enduro

Avec le porte-bagages d’origine doublé de deux belles poignées pour le passager ou pour fixer un sac supplémentaire, voilà de quoi partir à la conquête du monde! Ces caisses rectangulaires poseront néanmoins un problème aux petits gabarits (les moins de 1,70m) et à l’éventuel passager pour prendre place sur une selle haute de 880mm. Même pour les grands conducteurs une certaine gymnastique précautionneuse s’impose. Une selle qui, en outre, aurait mérité un rien de moelleux supplémentaire même si elle reste confortable au fil des kilomètres. De type enduro, le guidon se révèle de la bonne taille, permettant de bien poser les mains et reposer les bras mais aussi de conduire debout si l’envie ou le terrain s’en font sentir. Ses deux protège-mains fixés en un seul point sont plutôt là pour l’esthétique même si, en hiver, on appréciera mieux leur protection contre le froid que contre les chocs. De protection, il en est aussi question avec la bulle haute qui canalise bien les flux d’air sans limiter le champ de vision. Devant les yeux, le tableau de bord vous donne les informations basiques indispensables en oubliant celles superflues à la conduite et dont se parent souvent, inutilement, les gros cubes. Ce tableau se voit même surmonté d’une petite barre pratique pour le protéger éventuellement en cas de chute et idéale pour y fixer un GPS ou un dérouleur de road-book. Contenant 19 litres, le réservoir est bien dessiné et vos genoux tombent naturellement de part et d’autre de ses formes. Ici aussi, il permet de rouler aisément debout en le serrant bien des mollets.

Au rythme du mono

Il est temps de faire rugir un moteur refroidi par air, bien visible dans son cadre de type diamant presque surdimensionné. Car il s’agit bien d’un rugissement rauque digne d’une mécanique dakarienne que produisent les deux sorties d’échappement de ce monocylindre dont les formes ne sont pas sans rappeler celles des mono Honda ou Yamaha d’hier! On vous entendra venir dans les pampas et vous vous sentirez directement une âme d’aventurier. Avant d’entamer cet essai, je dois préciser que l’Adventure 400 que Moscodisco, l’importateur Mash Belux m’a confié, affiche à peine 29km au compteur. Autant dire que nous sommes en plein rodage et que le moteur est loin d’être libéré. Il me le rappellera d’ailleurs  quelques fois en bloquant sur un coup de piston aux démarrages ou lors d’arrêts secs, si je ne porte pas la juste attention à un embrayage très réactif. Une question de temps et de kilomètres s’entend pour en obtenir plus de souplesse d’utilisation. Par contre, dès qu’il a atteint sa température de fonctionnement, ce 4 soupapes à simple ACT est volontaire et tourne rond avec des poussées certes nullement extravagantes mais bel et bien continues. Un vrai mono quoi! Ne lui demandez pas la lune même s’il annonce un petit 135km/h en extrême vitesse de pointe et cantonnez vous plutôt entre 3.000tr/min et 6.000tr/min pour en apprécié la saveur et les reprises. Vous évoluerez alors entre 60km/h et 100km/h dans un joyeux ronronnement. Surtout que l’injection se fait oublier même à basse vitesse et que les cinq rapports passent comme dans du beurre, avec ou sans aide de l’embrayage.

Tous terrains

Si, au départ, le disque avant et arrière se montraient un peu lymphatiques, quelques essais de freinages poussés avaient le bon ton de roder les plaquettes pour percevoir des décélérations largement suffisantes et bien ajustées, vu l’absence d’ABS. Ces tests furent l’occasion de découvrir le transfert limité des masses, malgré les longs débattements des suspensions. Fourche et amortisseur arrière sont d’ailleurs réglables en compression et en détente avec, en plus, une précharge possible sur le ressort arrière. De quoi trouver son bonheur tant sur la route qu’en tout-terrain. Car en affichant 170kg tous pleins faits (151kg à vide), on n’hésitera pas à s’aventurer sur les chemins agricoles empierrés ou non. La grande roue avant de 21 pouces, la haute garde au sol et la maniabilité de l’ensemble, le tout doublé d’un bon contrôle en position debout laisseront votre empreinte là ou vous le désirez. Vous serez simplement limité dans votre progression par le dessin des pneus Kenda, des gommes trails et non de motocross. Cette roue de 21 (qui devrait passer à l’équilibrage) exercera pourtant son influence sur la route en rendant la direction un peu rétive. Vous devez forcer le trait pour placer la moto. Juste une question d’habitude. Et comme nous, vous vous habituerez vite aux vibrations caractéristiques du mono, nullement rébarbatives mais qui poussent à conduire en osmose avec la mécanique.

En conclusion

Tarif à 5.500€ (néanmoins plus conséquent que le reste de la gamme), avec son poids limité aussi agréable en manœuvre qu’en conduite dynamique, de par sa simplicité de conception qui vous permettra de vous échapper au loin sans craindre les complications électroniques, avec son appétit de moineau, la Mash Adventure 400 ouvre bien des horizons à ces nombreux motards qui rêvent d’un trail plus compact et convivial que ce qu’offre le marché jusqu’à ce jour.

Un essai signé Philippe Borguet et publié dans le Moto 80 n°777 d'août 2015.