Le nouveau SH300i affronte les pavés romains !

Essais Scooters Bruno Wouters
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Plébiscité par les Italiens, le Honda SH remporte, dans la péninsule, un succès qui ne se dément pas. Une petite promenade dans Rome le confirme: les SH de toutes les cylindrées et de toutes les générations pullulent, volant presque la vedette aux iconiques Vespa! 

Les SH (125, 150 et 300) figurent dans le top 3 des ventes en Italie en 2014. Depuis une bonne trentaine d'années, plus d'un million de SH ont d’ailleurs été écoulés sur le marché européen, de quoi justifier toutes les attentions que porte le premier constructeur japonais à son Small Honda (la signification des deux lettres SH), dont le premier du nom cubait 50cc en 1984. Si le SH connut des débuts modestes en cylindrée, justifiant ainsi son patronyme, il prit régulièrement du galon en étant proposé en 50cc et 100cc en 96, puis 125cc et 150cc dès 2001, alors que le 300i fit ses premiers tours de roue en 2007, avant de subir une première évolution en 2011 afin de lui donner les moyens de faire face à toutes les situations que peut rencontrer le parfait «commuter». Le 300i (en réalité 279cc) s'est vite révélé une arme commerciale pour Honda et nous découvrons à présent la troisième génération de celui qui chapeaute cette «marque dans la marque», tant la famille SH s'est forgée une place de choix dans la gamme Honda.

Evolution en douceur

Pas de révolution, le SH nouveau ne se démarque vraiment de son prédécesseur que pour un regard aguerri et expert ès SH. Tout ce qui fit le succès du SH est reconduit: les roues de seize pouces, le tablier vertical, le plancher plat et une réelle compacité. Mais si tout semble (presque) pareil, tout est différent! Le volume sous la selle peut dorénavant accueillir un casque intégral, l'accès mains libres est désormais de rigueur avec une clé, au fond de la poche, reconnue à deux mètres du scooter, le moteur passe aux normes Euro 4 avec une consommation en baisse (donnée pour trois litres aux cent), le style est rajeuni par un éclairage full LEDs et des signatures lumineuses flatteuses, les lignes sont plus travaillées et plus colorées, le cadre est entièrement redessiné, plus rigide, plus léger, plus spacieux.

L'ABS est également reconduit mais pas le freinage couplé dont Honda s'était fait une spécialité et qui ne semble plus trouver grâce que sur les grosses cylindrées. Le reste se joue sur des détails: le SH hérite d'inserts chromés trop clinquants à notre goût, d'un lèche-roue arrière surmonté encore d'une petite bavette en caoutchouc, le pavé digital du tableau de bord informe de l'heure, du kilométrage (deux partiels) et de la consommation (moyenne et instantanée). On peste contre l'absence de warning (c'est pensé pour les dociles Allemands, interdits de remonter des files?) ou de température extérieure (il ne fait jamais froid, à Rome?!?), on déplore la charnière branlante de la selle mais on applaudit à la présence d'une valve coudée et d'un robuste porte-paquets qui n'attend plus que de recevoir le top-case repris au catalogue des accessoires (nous n'avons pu vérifier si un ordinateur portable de 15" y tient à l'aise…).

Urbain

Sagement garée devant l'hôtel, notre escadrille de SH300i attend avec impatience d'affronter les pavés romains. La compacité et le style du SH imposent une position très «assise» mais aussi très naturelle et proactive, avec un buste bien droit, les pieds bien à plat sur le tablier (et ce sera les pieds bien à plat sur le tablier pour toute la durée de l'essai, pas de place pour les bouger!), les mains posant naturellement sur le guidon et le regard qui porte loin, anticipant les aléas de la circulation. C'est donc le cœur léger que nous suivons notre ouvreur au guidon d'un Integra. Premières sensations, premières satisfactions. Le moteur, retravaillé vers plus de propreté, normes Euro 4 exigent, a vu aussi ses courbes de puissance et de couple généreusement retravaillées pour favoriser les mi-régimes. Résultat: une réponse franche et immédiate à la moindre sollicitation de la poignée de gaz. Du beau travail, obtenu sans vibrations désagréables ou glissement déraisonnable du variateur, avec donc un SH particulièrement vif et réactif, dominant la circulation plus qu'il ne la subit. En jouant au Romain pressé, nous nous régalons de la compacité du Honda, avec une étroitesse bienvenue entre les voitures et un empattement réduit permettant de leur tourner autour sans arrière pensée. L'état des routes, du même tonneau que celui que nous connaissons en Belgique, ne mettra pas à mal les suspensions qui fournissent un travail impeccable sur les pavés disjoints. Le sans-faute dans la «città», mais on ne choisit pas un 300cc pour tourner en rond autour du Colisée.

Et rural

Nous quittons donc bien vite la ville éternelle pour partir à la découverte de l'arrière-pays, direction nord-ouest avec le lac de Bracciano en point de mire. Nous ne vous ferons pas l'article sur les qualités routières de l'Integra ni sur celles de son pilote. Sachez que les routes «le font bien» et que le rythme imprimé ne laisse guère le loisir de s'émerveiller des paysages traversés. Ici encore le sans-faute! Pas une fois nous n'avons réussi à mettre en défaut le SH300i. Châssis d'une rigidité exemplaire, freinage puissant et endurant même si nous continuons à regretter la disparition du C-ABS, moteur enthousiaste et réactif, rien ne vient entacher notre plaisir! Le duo estomperait sans doute le tableau mais aucune passagère sensée n'accepterait le tempo imposé! L'heure tourne (les séances photos se montrent toujours terriblement chronophages!) et il est hélas déjà temps de redescendre vers Rome via la SS2bis, une quatre bandes qui nous permet de faire parler la poudre. Le SH accroche sans réelles difficultés 150 km/h au compteur et nous nous prenons vite au jeu, le nez dans le tableau de bord pour grappiller encore quelques kilomètres/heures. J'aperçois dans mon rétroviseur le museau menaçant du SH d'un de mes collègues. Il s'accroche, le rascal! Gaz! Je profite d'un léger faux-plat favorable pour pousser mon SH dans ses derniers retranchements. Damned! Il bute contre le rupteur, 160 km/h au compteur. Pas mal pour un 300! Le rascal qui me collait aux basques bute à son tour contre le rupteur: je reste devant! À ce rythme, nous arrivons bien vite à Rome que nous traversons du nord au sud.

Conclusion

Le SH y fait à nouveau preuve du talent dévoilé au petit matin dans les embarras de la circulation. Un scooter qui excelle avec un égal bonheur en ville, sur route et sur autoroute, nous en connaissons peu. Certains brilleront sans doute plus dans l'un ou l'autre domaine, peu se hisseront au niveau de compromis atteint par le SH! Je commence à mieux comprendre son omniprésence à Rome! Bon, tout n'est pas parfait: il vous faudra impérativement monter un pare-brise pour avionner sur les autoroutes, un top-case pour étendre la capacité d'emport (top-case d'ailleurs inclus dans la dotation d'origine en Belgique) et le style typique des scooters à grandes roues soutirera encore difficilement des exclamations admiratives à un esthète. Mais les motards qui nient les scooters seraient étonnés du bonheur qu'on peut tirer de leur conduite!

Un essai signé Bruno Wouters et publié dans le Moto 80 n°777 d'août 2015.