Gamme Harley-Davidson Softail: Laquelle choisir?

Essais Motos Laurent Cortvrindt
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Pas moins de onze modèles différents forment aujourd’hui la famille des Softail chez Harley-Davidson. Il s’agit d’ailleurs de la «sous-gamme» la plus importante du constructeur américain, bien devant les Sportster, avec huit modèles, et les Touring, avec sept modèles. Alors, laquelle choisir? Nous en avons comparé cinq pour vous aider à vous décider…

 

Le 31 décembre 2019, Harley-Davidson s’est arrêté à quelques unités de la barre des 1.500 motos immatriculées en Belgique: 1.467 machines très précisément. Un résultat plus qu’honorable mais toutefois légèrement en retrait par rapport à l’année record 2018 qui avait enregistré le total impressionnant de 1.655 immatriculations.

Néanmoins, Harley-Davidson domine toujours le segment des customs avec sa Street Bob, meilleure vente du genre l’an passé en Belgique avec 163 unités écoulées. La Street Bob est aussi la meilleure vente du constructeur américain sur notre marché. Devant la Sport Glide (108 exemplaires). Soit deux Softail aux deux premières places. C’est dire l’importance de cette famille dans la gamme HD. Plus sexys qu’un Sportster, moins chères qu’une Touring, les Softails ne manquent pas d’atout.

Mais laquelle choisir? Voilà une épineuse question à laquelle nous allons tenter d’apporter quelques éléments de réponse après un galop d’essai sur cinq montures différentes: la Fat Bob 107/114, l’Heritage Classic 114, la Low Rider S 114, la Sport Glide 107 et la Street Bob 107.

Heritage Classic 114

Je n’ai pas hésité longtemps avant de classer la Heritage Classic 114 en première position de ce petit comparatif. Cette machine se révèle, de loin, la plus agréable pour avaler les kilomètres. À son guidon, qui tombe parfaitement dans les mains, on bénéficie d’une selle vraiment confortable, les jambes sont tendues comme il faut et serrent naturellement le réservoir tandis que le dos reste bien droit. En outre, son large pare-brise propose une bonne protection face au vent. Que demander de plus? Du tempo? Pas de souci.

Avec son bloc MW8 114, la Heritage Classic a de la cylindrée à revendre: 1.868cc très exactement et plus de 100 chevaux à libérer avec un couple de camion, 155Nm dès 3.000tr/min. Attention aux chaussées grasses, sans contrôle de traction, on peut se laisser surprendre. Belle à croquer, la Heritage Classic apporte une touche moderne au design vintage des Harley des années 50 qu’elle évoque. De série, elle reçoit le contrôle de vitesse, les phares antibrouillard, un pare-vent astucieusement détachable en un tour de main, de nouvelles sacoches semi-rigides et imperméables (superbes mais aux formes malheureusement toujours peu pratiques) et elle perd 17 kilos sur la balance par rapport à la précédente édition.

Résultat: les quelque 330 kilos semblent disparaitre comme par enchantement dès que l’on démarre et l’Héritage se conduit en sifflant. Cette machine invite alors au vrai tourisme, celui qui permet de regarder la route… et de jeter un œil au paysage de temps en temps. Et si vous craignez malgré tout d’arriver en retard pour le souper, pas de panique, comme expliqué, le 114 répondra présent. Un seul regret  une autonomie a priori un peu faiblarde de 250 km… si l’on en croit notre indicateur. Mention spéciale aux excellentes suspensions au débattement augmenté et au freinage efficace malgré un seul disque (si l’on s’aide du frein arrière).

Notons encore un gros effort pour cacher la câblerie inesthétique, des livrées très soignées avec de belles teintes qui scintillent au soleil ainsi qu’une instrumentation joliment intégrée sous le guidon ou au réservoir. Les infos affichées restent néanmoins minimalistes: vitesse, jauge et rapport engagé, avec en complément le choix entre l’odomètre, le trip A ou B, les tours/min, la jauge ou l’horloge.

Les up

– Confort de conduite

– Prestations surprenantes

– Aura américaine

Les down

– Autonomie faible

– Selle passager de série

– Forme des valises

Prix de base: 24.800€

Disponibilité: immédiate

Consommation annoncée: 5,6l/100km

 

Sport Glide 107

Les «Transformers», vous connaissez? Toutes proportions gardées, la nouvelle Harley-Davidson Sport Glide 107 s’y apparente. Car elle ne vous propose pas un, mais quatre looks différents! Premier look: celui du modèle original avec sa petite tête de fourche «Batwing» et ses deux sacoches latérales d’une contenance totale de 54l.

Deuxième look: en deux clics, vous déposez la tête de fourche et gardez les sacoches. Troisième look: en deux nouveaux clics, vous enlevez les deux sacoches pour obtenir une jolie basique. Enfin, quatrième look: vous remettez la tête de fourche en deux autres clacs.

Suivant votre humeur du jour, l’emploi envisagé ou le voyage tenté, vous obtenez la machine désirée! Harley-Davidson ne s’est pas contenté de ces seules astuces pour créer un nouveau modèle. Côté moteur, le nouveau bloc Milwaukee Eight 107 délivre un couple «camionesque» de 145Nm. De quoi relancer la mécanique dès les plus bas régimes.

Elle démontre également que toutes les Harley n’ont pas forcément besoin du bloc 114 pour donner du plaisir à leur propriétaire, même si elle se révèle plus difficile à tenir dans les petites épingles que dans les grandes courbes rapides. Freinage, suspensions et châssis s’accordent et apportent un agrément de conduite agréable et cohérent. Au final, on obtient une moto bien équilibrée, agréable à conduire, à la finition en hausse bien qu’il lui manque quelques éléments présents sur d'autres modèles de la gamme. Polyvalente, elle tirera son épingle du jeu en ville grâce à son équilibre général et un rayon de braquage contenu.

Avec son gabarit, elle surprend par l’agilité de sa direction sur les routes moins larges et plus sinueuses. Bien suspendue, confortable, surtout pour le conducteur, elle n’avance toutefois qu’une seule aide à la conduite: l’obligatoire ABS. Et même si sa protection faciale reste limitée, elle conserve ses qualités autoroutières où le contrôle de vitesse s’apprécie pleinement. Avec son look à plusieurs facettes, la Sport Glide 107 joue autant la carte du quotidien que du voyage… Un peu plus lourde dans les manœuvres, la Sport Glide ne ménagera pas votre mollet droit qui cogne contre le bas moteur. Heureusement, cette machine génère peu de vibrations. C’est aussi l’une des Softail les moins chères… Je la classe donc en deuxième position.

Les up

– 4 looks en 1

– Tenue de route

– Amortissement et confort

Les down

– Tête de fourche non sécurisée

– Garde au sol

– Maintien du passager

Disponibilité: immédiate

Consommation annoncée: 5,3l/100km

Prix de base: 19.000€

 

Low Rider S 114

De retour au catalogue après quelques années d’absence, la Low Rider S est typiquement le genre de moto dont, au guidon, prévaut le plaisir pur de conduire. Et du plaisir, elle est capable d'en donner à un public très large de par son accessibilité et sa facilité d'utilisation. C’est pourquoi je la place en troisième position.

En quelque sorte, la Low Rider S constitue une autre porte d'entrée au monde Harley-Davidson pour ceux qui considèrent les modèles Street un peu trop «cheaps» à leur goût. Et puis, tarifée à 20.000€, elle est tout simplement la moins chères des Harley 114 après la Fat Bob… même si, soyons réalistes, cela ne reste pas donné pour une moto basique. Pour ce tarif, vous aurez droit à un châssis issu de la série Softail ainsi qu’au bloc Milwaukee-Eight dans sa version la plus puissante.

Dotée de finitions noires, la Low Rider S a également ce petit côté passe-partout, loin de l'exagération «bling-bling» d'un trop plein de chromes. Si la moto s'avère un peu lourde à mettre droite, ensuite, c'est clairement l'une des Harley les plus aisées à manœuvre et à arrêter. Avec sa selle particulièrement basse, tous les gabarits – hommes ou femmes – auront les pieds bien au sol. Par contre, la position se montre quelque peu particulière. La selle est moelleuse, donc on est bien assis, et assez bien soutenu dans le bas du dos. Par contre, mieux vaut ne pas avoir les bras trop courts.

Les genoux sont également fort relevés, plus haut que le fessier, ce qui n’est pas vraiment fréquent. Difficile, dès lors, de bien serrer le réservoir. Si cette position ne s’avère pas très active, elle n’empêche pas de tenir un bon rythme. Seule la garde au sol, en fait, viendra tempérer vos envies. Dans le sinueux, la Low Rider S a un peu tendance à s’écarter de la trajectoire. Mais, de un, elle n’est pas difficile à remettre dans le droit chemin et, de deux, nous devons avouer que le rythme tenu par notre ouvreur n’est absolument pas celui de 99% des propriétaires d’Harley.

Dernier point un peu regrettable: les compteurs ne servent pas à grand-chose. En effet, positionnés sur le réservoir, ils obligent à quitter trop longtemps la route des yeux.

Les up

– Accessibilité pour tous

– Prestations convaincantes

– La moins chère des 114

Les down

– Position fatigante à la longue

– Garde au sol limitée

– Compteurs illisibles

Disponibilité: immédiate

Consommation annoncée: 5,6l/100km

Prix de base: 20.000€

 

Fat Bob 107/114

Par rapport à la précédente génération, la célèbre Fat Bob a également subi un petit régime minceur, perdant 15 kilos sur la balance. Cela ne l’empêche toutefois pas de se moderniser avec un équipement résolument plus moderne et plus flatteur: une fourche inversée 43mm, un réservoir de 13,2l, un double disque à l’avant, des pneus larges et agressifs (150mm à l’avant, 180mm à l’arrière) ainsi qu’une ligne deux-en-un-en-deux. Ici aussi, il faut peu de kilomètres pour remarquer la souplesse et la vivacité du bloc Milwaukee-Eight… disponible en deux versions sur la Fat Bob 107 «cubic inches» ou 114.

Certes, tout n’est pas encore parfait en termes d’agrément: quelques légères vibrations se font sentir dans les pieds et les poignées et du côté du mollet gauche, cela chauffe assez vite. Attention à ne pas coller le jeans contre la boîte! Sur les routes espagnoles, notre ouvreur tient un rythme d’enfer et je m’étonne de rouler si vite sur ce type de Harley. Aucun souci, la bécane s’exécute, propulsée – voire catapultée – par son 114 archi-coupleux, en ligne droite comme en sortie de virage.

Mais nous «traçons» clairement à contre-emploi. On racle les repose-pieds, voire plus… sans affinité! Et attention, si la Fat Bob dispose d’un double disque à l’avant, il convient de s’y prendre à temps. Un freinage en courbe et la moto se redressera sensiblement, «verrouillant» la direction. Heureusement, le frein arrière permet de stabiliser la machine si nécessaire et d’aider à amorcer le freinage comme il faut. En entrée de courbe, il faut bien engager la Fat Bob et ses 300kg en n’hésitant pas à pousser sur le guidon. Large et plat, il offre heureusement un bon levier. Une fois inscrite, elle garde la ligne sans sourciller.

Un point négatif? Peut-être quelques pièces, comme les rétros ou le bouchon de réservoir, habillement cheap afin de vous donner envie de piocher dans le catalogue d’après-vente. Et puis il y a ce design, disons… clivant avec son phare avant de cyborg et le garde-boue arrière «disqué». Si tout le monde n’adhère pas, au moins ce style nouveau a le mérite d’innover! Encore un détail, la boîte se montre également plus dure – est-ce uniquement ma machine? – et donc globalement, cette bécane m’a fatigué plus rapidement. Je la place dès lors en quatrième position.

Les up

– Adaptation rapide

– Agrément moteur

– Finition noble

Les down

– Design clivant

– Garde au sol

– Tarif premium

Prix de base: 18.100€

Disponibilité: immédiate

Consommation annoncée: 5,4l/100km

 

Street Bob 107

En cinquième poisition, vous l’aurez compris, je place la Street Bob 107. Certes très sexy à rouler avec le «petit» moteur et une boîte, cette fois, particulièrement souple. Mais elle ne m’a pas vraiment transpercé le cœur. Sans faire injure à ses aptitudes, la Street Bob est la «porte d’entrée» vers la gamme Softail. Accessible par son poids (un poil) plus mesuré, un réservoir fin que l’on enserre aisément, des bracelets placés en hauteur mais sans exagération, elle permet d’envisager sereinement la circulation urbaine grâce à son agilité intéressante pour un cruiser sans pour autant se refuser à une balade plus campagnarde.

Ok. Son réservoir limité de 13,2 litres ne vous permettra pas de traverser la Belgique d’une traite. Mais dans le sinueux de nos Ardennes, elle montrera des aptitudes intéressantes. Vous vous arrêterez simplement plus vite à la pompe que vos compagnons de route. Notons encore que par rapport à sa devancière, les repose-pieds de la nouvelle Street Bob ont avancé.

Au rayon des regrets, nous noterons un tableau de bord ultraminimaliste et parfois compliqué à lire d’un coup d’œil, une selle «single» ainsi qu’une suspension plus limitée en réglages. Uniquement en précontrainte, avec une clé, et après avoir ôté la selle. Fastidieux.

Les up

– Maniabilité étonnante

– Plus légère

– Entrée dans univers Softail/HD

Les down

– Prise au vent

– Position étrange

– Amortissement en retrait

Prix de base: 14.900€

Disponibilité: immédiate

Consommation annoncée: 5,5l/100km

 

Conclusion

Lors de la présentation de la nouvelle gamme Softail, en octobre 2017, la Heritage Classic avait déjà remporté mes suffrages. Look splendide, confort plus que satisfaisant, prestations réelles du moteur comme de la partie-cycle, capacité d’emport suffisante… elle rassemblait et continue à rassembler, à mes yeux, tous les avantages d’une véritable Harley sans les désagréments liés à certains modèles: poids colossal, tarif stratosphérique… Deux ans et quelques mois plus tard, malgré de nouveaux modèles arrivés dans la famille Softail, je campe toujours sur mes positions.

Cependant, je dois bien avouer que, dans un style plus «déshabillé», la Sport Glide m’a beaucoup plu. Et si je devais déposer un chèque sur le comptoir de mon concessionnaire, la différence de tarif me ferait peut-être changer d’avis…