Comparatif Peugeot Django Sport – Yamaha D’elight – Nostalgie, quand tu nous tiens !

Essais Scooters Philippe Borguet
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Un Yamaha au look revival Vespa, un Peugeot au look Lambretta, le D’elight et le Django Sport sont deux scooters urbains qui ne manquent pas d’atouts.

Si le «Classic» est revenu à la mode dans le monde de la moto, il touche également celui des scooters. On en veut pour preuve les deux exemplaires que nous comparons aujourd’hui. Précisons néanmoins que ce retour au passé ne s’effectue que dans les formes car, côté technique, on joue résolument dans l’ère moderne. Le Peugeot Django Sport et le Yamaha D’elight en sont les dernières preuves puisque sous un physique d’hier se cachent freinage, moteur, châssis et suspension d’aujourd’hui. Ce qui frappe d’emblée quand on aperçoit les deux scooters est la différence de gabarit. D’un côté, celui de Yamaha est compact, pour ne pas dire petit, tout en rondeur, avec un arrière-train façon Vespa d’antan et une décoration «Mods» british un peu tapageuse. Il donne plutôt l’impression d’un gros 50cc. Le Django français affiche, lui, une allure proche d’un 250cc. Il rappellera aux nostalgiques les S57 des années cinquante mais plus précisément encore les Lambretta de l’époque avec de longs capots latéraux et un guidon du même genre, incluant le phare. Voilà qui, dans un cas comme dans l’autre, est flatteur. En effet, le bien nommé D’elight est pourtant animé par un 115cc alors que le moteur du Peugeot affiche 125cc. Un moteur 4-temps qui n’est pas frappé du lion de Sochaux mais issu de la galaxie des Sym et donc identique à celui du Fiddle 3. Par ailleurs, ces deux scoots sont vraiment des apatrides. Conçu dans le bureau d’études français de Mandeure, le Django fait donc appel à un moteur taiwanais mais est construit dans l’usine chinoise que Peugeot partage avec Qingpi. Pour sa part le Yam profite des connaissances de l’usine japonaise aux trois diapasons mais est fabriqué au Vietnam. On ne peut rêver plus belle mondialisation!

1.200€

Cette différence de gabarit se traduit aussi sur le portefeuille et la balance, le Peugeot accusant 1.200€ et quasi 40kg de plus que son rival du jour. Rassurez-vous cependant, dans un cas comme dans l’autre, l’équilibre est de rigueur tant lors des manœuvres de parking qu’en évolution. Disons, pour faire simple, que le Django est à peine plus laborieux à béquiller sur la centrale (vraiment à peine) mais, en contrepartie, il fait plus costaud. Simple impression morphologique car lui aussi est monté sur des jantes de 12 pouces, comme le Yamaha! Ce qui frappe également, c’est la qualité de finition de nos deux rivaux. Les productions extrême- orientales, et principalement chinoises, ne nous avaient pas habitués à une telle précision de montage. Les différents panneaux sont bien ajustés, les peintures soignées et les accessoires ont le bon goût de ne pas tomber dans le «cheap» même si souvent du plastique se cache sous le blinquant des chromes. La peinture du Django Sport est particulièrement réussie et donne même l’impression d’une carrosserie en tôle. Personnellement, je regrette ce numéro ajouté dans un fond blanc façon course de scooters d’antan. Dommage, surtout sur cette face avant très réussie et bien caractéristique avec cette signature en «V» des LED du feu de position.

Aspects pratiques

Tout a fait normalement vu ses dimensions, l’espace sous la selle du Django est plus volumineux que celui du D’elight. Pourtant, dans chacun on y glissera un casque jet mais un ordinateur portable aura plus de mal à prendre place dans le Yamaha. Signalons que l’ouverture des selles est commandée directement à la clef de contact. Idem pour le bouchon de réservoir du Yamaha alors que celui du Peugeot se cache dans la boîte à gants gauche incluse dans son tablier et ne s’ouvre que via une serrure au centre de celui-ci. Cette serrure commande également le vide-poche droit, toujours solidaire du tablier et où l’on trouve une prise électrique. Des rangements pas énormes mais surtout tarabiscotés dans leur forme et donc plutôt à même de n’accueillir que de petits objets. Quant au D’elight, il n’a qu’un rangement peu profond style bouteille d’eau à ciel ouvert. Les deux ont un crochet pour sac mais s’il est bien apparent sur le Yam, il est astucieusement remisé dans le tablier chez Peugeot. Signalons encore que le contact du D’elight est doté d’un cache antipluie et que le Django propose une commande warning des clignotants. Le passager disposera de plus d’espace d’assise sur le Yamaha mais trouvera chez l’un et l’autre des repose-pieds pliables et des barres de maintien latérales de bonne facture.

Impressions de conduite

Avec son gabarit, le plancher du Django Sport, recouvert de lattes caoutchoutées assurant un bon grip, offre plus d’espace pour les pieds. Le tablier, plus haut est aussi plus protecteur et les mains sont, elles aussi, posées plus haut. Revers de la médaille, les rétroviseurs se trouvent à la hauteur de ceux de la plupart des voitures. Ils demandent donc une attention soutenue pour se faufiler entre les files. Malgré sa petitesse, le D’elight, n’est toutefois pas vraiment en reste. L’espace pour les jambes et pieds se révèle correct et l’on est surpris par la qualité et le confort de la selle. En une seule pièce, elle permet de changer de position si nécessaire. Celle du Peugeot, en deux pièces, est nettement plus ferme et empêche de modifier son assise. Les tableaux de bord sont attractifs même si celui du Django n’apprécie pas les rayons du soleil. Certaines indications, notamment les témoins lumineux, deviennent alors quasi invisibles. On pourrait croire qu’avec 10cc en plus, le moteur du Peugeot ne ferait qu’une bouchée de celui du Yamaha. Mais voilà, il a 40kg en plus à tirer et les réactions du 115cc sont un poil plus vives que celles du 125cc. La différence est faible mais elle se trouve sans doute amplifiée par le bruit de crécelle du D’elight alors que le Django s’avère plus silencieux. Les deux atteignent rapidement les 60km/h, palier où le Yam cherche son second souffle pour plafonner à 80/85km/h alors que le Peugeot poursuit sa montée en régime jusqu’au 90/95km/h de manière très linéaire.

Le travail des suspensions est également différent. Celles-ci encaissent mieux les gros chocs sur le Django mais, par contre, la fourche manque de rigidité avec des tressautements d’avant en arrière. Une sorte de vibration longitudinale plutôt énervante à la longue. Pas de cela sur le Yamaha, mieux à même de filtrer les petites imperfections des chaussées mais imposant un claquement sec de fond de butée sur les plus grosses. Un phénomène qui s’amplifiera tout naturellement en duo. Si le système de freinage est tout ce qu’il y a de classique sur le D’elight avec une efficacité normale, par contre le Peugeot propose une action combinée entre le frein arrière et avant. L’étrier du disque avant est doté de trois pistons dont un est activé en même temps que le frein arrière. Le freinage est ainsi bien réparti avec une assiette générale très stable. L’un et l’autre de ces systèmes imposent cependant de poigner fermement dans les leviers en cas de freinage d’urgence. Sur sol sec, nos deux compères présentent une tenue de route excellente et sans surprise même si le Yamaha propose une direction plus vive bien agréable en circulation urbaine.

En conclusion

Look vintage Vespa ou look Lambretta? À vous de choisir. Mais le plus important est de savoir où vous emploierez votre scooter. Le D’elight sera plus à l’aise en ville où sa compacité, sa maniabilité, ses reprises, la position de ses rétros, ses suspensions vous permettront de slalomer comme une anguille entre les voitures. Par contre, si vous devez sortir en périphérie, le Django répondra mieux à vos besoins. Il sera davantage dans son élément sur les voies rapides avec sa vitesse de pointe légèrement supérieure. Quelques km/h qui font parfois une sacrée différence lors des dépassements. Son gabarit est aussi mieux adapté aux grands alors que le poids réduit du Yamaha plaira à la gent féminine. Sans parler du prix. Mille deux cents euros de différence permettent de s’équiper en vêtements et casque plus que valablement…

Un comparatif signé Philippe Borguet publié dans le Moto 80 n°775 de juin 2015.