Dossier: comment bien choisir sa moto d’occasion?

Actualités Motos Julien Lahaye
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Acheter une moto d'occasion ne s'improvise pas. Pour éviter les mauvaises surprises, nous vous livrons les conseils d'un professionnel du secteur.

Traditionnellement, les ventes de motos augmentent avec l’arrivée du printemps. Si les ventes de motos neuves se portent relativement bien, les motos d’occasion ne sont pas en reste, loin de là. Un choix qui peut s’avérer judicieux…à condition de savoir ou l’on met les pieds! Pour vous conseiller au mieux, nous avons fait appel à Sud Moto, concession Yamaha bien connue de la région Bruxelloise. Voici leurs conseils ainsi que les points à vérifier avant l'achat.

Se renseigner

Une fois le modèle de vos rêves trouvé, renseignez-vous sur celui-ci. Certaines motos ont des défauts récurrents, parfois sans grande gravité, mais le savoir vous permettra de vérifier si le vendeur à fait les modifications nécessaires, et le cas échéant si la moto a fait l’objet d’un rappel constructeur. Consultez également les avis des autres motards, lisez les comparatifs et les essais. Pensez aussi à consulter la cote de l’argus, vous saurez si le prix demandé est celui du marché, vous le trouverez à la fin de notre magazine. Bien entendu, le kilométrage et l’usure entre en ligne de compte!

Garder la tête froide

L’aspect émotionnel à un grand impact lors de l’achat. Vous avez flashé sur un modèle, c’est elle que vous voulez et pas une autre. Après quelques recherches vous avez l’avez trouvée, le prix demandé vous convient et elle semble toute belle en photo. C’est un bon début, mais pas de précipitation! Au risque de vous en mordre les doigts, il va falloir inspecter votre future acquisition de fond en comble! Laissez de côté votre envie et tâchez de contrôler vos pulsions. Il est vrai que l’achat d’une moto, qu’elle soit neuve ou d’occasion, est avant tout dû à un coup de coeur. Mais laisser vos émotions primer sur votre raison risque de vous apporter pas mal d’ennuis…et de frais! Prudence donc!

Particulier ou professionnel?

Le particulier: il connaît sa moto et son historique, en discutant avec lui vous vous ferez vite une idée de son sérieux. Est-il passionné? Son garage est-il rangé et propre? Quel usage a-t-il fait de sa moto? A-t-il roulé en hiver? A-t-il le carnet d’entretien? Tant de questions qui vous permettront de cerner le vendeur. Autre aspect non négligeable, vous pourrez négocier le prix! Par contre, vous ne bénéficierez pas de garantie. De plus, un particulier attribue souvent une valeur excessive à sa moto, c’est d’ailleurs probablement pour cette raison qu’il la vend lui même. C’est bien normal, il essaie d’en tirer le meilleur prix.

Le professionnel: son atout majeur est la garantie qu’il vous offre! En principe, si vous êtes chez quelqu’un de sérieux, la moto a été inspectée en détail, l’entretien a été fait et les réparations éventuelles ont été prises en charge; il en va de sa réputation! A ce sujet, pourquoi ne pas vous renseigner sur le sérieux de la concession auprès d’autres motards et consulter les avis sur internet? Autres avantages: la reprise de votre ancienne moto, la possibilité de financement et les facilités en démarches administratives (la demande d’immatriculation notamment). La sécurité de paiement est aussi un élément à prendre en compte.

Se faire accompagner

La mécanique n’est pas votre fort? Demandez à une personne compétente de vous accompagner, elle pourra effectuer les vérifications nécessaires et vous conseiller. De plus, il s’agit également d’une sécurité. En vous rendant chez un particulier, vous ne savez pas ou vous mettez les pieds…

Les points à vérifier

Voici une check-list non exhaustive de points à vérifier avant d’aller plus loin. Certains sont moins importants que d’autres mais veillez à ne pas trop les accumuler! Bien entendu, chaque imperfection est une occasion de discuter le prix de vente. Rappelez-vous de garder la tête froide, les motos d’occasion ne manquent pas; il est sage de comparer et de ne pas se jeter sur la première venue, même si vous en avez très envie! Le prix des réparations peut très vite monter…

Le bras oscillant: vérifiez l’absence de jeu latéral

Les câbles: la poignée d’accélérateur et le levier d’embrayage doivent revenir facilement et ne pas être durs. Profitez-en pour vérifier l’état des câbles.

Le cadre: examinez la présence de points de rouille, de pliures ainsi que l’état des fixations moteur. Prêtez une attention particulière au numéro de châssis, correspond-t-il à celui de la carte grise?

Le carénage: les motos carénées sont plus difficiles à inspecter, les organes de la moto étant cachés. Une moto ayant chuté n’est pas forcément une mauvaise affaire, mais le vendeur doit être honnête et vous le dire.

Circuit électrique: vérifiez que tous les commodos fonctionnent correctement (phare, clignotants, klaxon, feu stop…), la moto doit tenir le plein phare, même moteur arrêté. Vérifiez également avec le moteur en marche, si la luminosité du phare varie, méfiez-vous de l’alternateur. Le démarrage doit-être franc. A ce sujet, veillez à ce que le moteur soit froid à votre arrivée, si ce n’est pas le cas, le vendeur peut tenter de camoufler des problèmes de démarrage et vous ne pourrez pas entendre d’éventuels bruits mécaniques.

Le compteur: vérifiez l’absence de buée; s’il y en a, cela peut signifier un manque d’étanchéité et amener des problèmes électriques. Vérifiez également la concordance entre les kilomètres affichés et l’état de la moto. Une moto usée jusqu’à la corde avec un kilométrage de 20.000 km peut sérieusement vous faire penser à un compteur trafiqué ou à un changement de compteur (vérifiez que celui-ci n’ait pas été démonté)

La direction: vérifiez l’absence de points durs dans la direction. Pour cela mettez la moto sur béquille centrale (ou béquille d’atelier), mettez la moto en appui sur le pneu arrière et faites tourner le guidon de gauche à droite, il ne doit pas y avoir de points durs.

L’échappement: recherchez d’éventuelles griffures qui pourraient indiquer une chute, prêtez attention à la corrosion, certains échappements sont plus enclins à la rouille. Vérifiez la couleur de la sortie d’échappement: noire, le mélange est trop riche, blanc il est trop pauvre, marron c’est parfait.

La fourche: recherchez d’éventuelles traces de chocs et impacts de cailloux. Mettez-vous au guidon et pompez, la fourche doit s’enfoncer et revenir sans à coup. Vérifiez l’absence d’huile au niveau des joints.

Les freins: regardez l’état des disques, ils ne doivent être ni rayés ni creusés. Contrôlez l’usure des plaquettes, la course et la résistance du levier ainsi que le niveau du liquide de frein. Mettez la moto au point mort et vérifiez que les roues tournent librement, elles ne doivent pas être freinées.

Le garde-boue: si vous apercevez du caoutchouc fondu, cela peut-être synonyme de burn. Vérifiez également que le garde boue avant ne soit pas fendu, cela peut-être dû à un oubli de bloque-disque.

Les jantes: vérifiez qu’elles ne soient pas voilées et qu’elles ne présentent pas de trace de chocs ni d’oxydation.

Les leviers: vérifiez leur état. S’ils sont cassés ou rayés, il y a des chances que la moto ait chuté.

Le moteur: inspectez le avec attention, cherchez des traces grasses synonymes de fuite d’huile et/ou de joint de culasse poreux. Regardez l’état des carters, s’ils sont griffés, la moto a chuté. Prêtez attention à l’état de la visserie afin de savoir si le moteur a été ouvert. Enfin, faites tourner le moteur et soyez attentif à ce qu’il ne fasse aucun bruit suspect ni claquement.

Les pneus: vérifiez leur état d’usure, mais aussi leur année de construction; s’ils ont plus de 5 ans, leurs propriétés ont diminué. Passez également la main à la surface du pneu, recherchez une usure irrégulière qui se manifestera par la présence de vaguelettes.

Les repose-pieds: s’ils sont pliés, cela peut signifier une chute.

La suspension: asseyez-vous sur la moto et appuyez sur l’arrière de la selle, la suspension doit s’enfoncer et revenir sans à coup.

La transmission: inspectez l’état des dents de la couronne, la tension de la chaîne et la présence de points durs. Pour les cardans, vérifiez l’absence de fuite d’huile et de craquement lors de l’essai.

Les papiers: inspectez le carnet d’entretien et vérifiez que la moto ait été entretenue aux intervalles préconisés. Demandez toutes les factures, observez quels éléments ont été changés et à quel kilométrage, cela vous indiquera la manière de rouler du propriétaire et si la moto a bien été suivie. Prêtez une attention particulière au numéro de châssis, correspond-t-il à la carte grise?

L’essai

On achète pas un chat dans un sac. C’est pareil pour une moto! Si l’état général vous convient, demandez à l’essayer, mais sachez que rien n’oblige le vendeur à accepter. Veillez à ce que la moto soit toujours assurée et immatriculée. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez toujours demander à l’acheteur d’amener la moto sur un terrain privé. Attention, si vous êtes peu aguerri, il est peut-être préférable de vous faire accompagner par un motard confirmé, une chute est si vite arrivée…

Si la moto est équipée d’un top-case, demandez à l’enlever, celui-ci peut modifier le comportement de la moto. Lors de l’essai, prêtez attention au passage des vitesses, elle doivent passer sans à coup et ne pas présenter de faux point mort. Prêtez attention au guidonnage qui peut être notamment dû aux pneus ou aux roulements de direction.

Outre ces points d’inspection, concentrez-vous également sur votre ressenti. Voyez comment vous vous sentez sur la moto, correspond-t-elle à ce que vous attendez? Êtes-vous à l’aise à son guidon?

La transaction

Ça y est, vous l’avez inspectée dans ses moindres recoins, les papiers sont en ordre, vous l’avez essayée et le prix est négocié. Il est temps de procéder au paiement! Entre particulier, les transactions se font le plus souvent en liquide, se balader avec une somme importante sur soi n’est jamais rassurant, comme dit plus haut, vous ne savez pas chez qui vous vous rendez, se faire accompagner est donc souhaitable. Par sécurité, rendez-vous chez le vendeur les poches vides, si la moto vous convient vous pourrez toujours aller à votre banque plus tard. Lors de l’achat, le vendeur doit obligatoirement vous remettre divers documents: la carte grise, le certificat de conformité et un document de cession. Doivent figurer sur la facture: les coordonnées complètes du vendeur et de l’acheteur. Au niveau des données relatives à la moto: la marque, le type, la couleur, l’année de construction, la cylindrée, la puissance du moteur en KW, le n° de châssis, la date de première mise en circulation et le descriptif des dégâts éventuels et options. Enfin, la fameuse mention “le véhicule est vendu dans l’état bien connu de l’acheteur” avec la date et les signatures des deux parties pour accord. Ce document doit être fait en deux exemplaires. Nous vous conseillons également de demander le carnet d’entretien, les diverses factures ainsi que le carnet de l’utilisateur.

Évitez absolument les vendeurs vous demandant d’effectuer des paiements à l’étranger via Western Union ou autre. Il y a de grandes chances pour que vous ne voyez jamais la couleur de votre belle!  Chez les professionnels, les paiements se font habituellement à l’aide de chèques certifiés. Sachez que pour éviter les fraudes, les transactions en liquide sont limitées à 3.000€.

Attention: veillez à ce que le vendeur vous fournisse toutes les clés, y compris la clé codée!

 

Nous tenons à remercier Pascal Schmitz, patron de la concession Yamaha Sud Moto pour sa disponibilité et ses conseils. N’hésitez pas à rejoindre leur page Facebook ainsi qu’à leur rendre visite, sérieux garanti!