Un été en Villers (1)

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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«Faire le tour de tous les Villers, pfuuuu, eh bien, vous n’avez pas fini!», c’est en ces mots que mon vieux voisin de 88 ans a qualifié cette idée saugrenue! Et pourtant tracer quatre BBB qui relient tous les Villers de notre belle Wallonie est un défi amusant. Proches des cités ou perdus en campagne, il y a du Villers pour tous les goûts. Pour démarrer cette série estivale, la province de Liège est à l’honneur. Alors tous aux Villers!

Situé à un jet de pierres de la E411 par la sortie «Eghezée», notre tout premier Villers, affublé du suffixe «lez-Heest», est une petite entité perdue entre les champs. Le mot «Villers» viendrait du substantif latin «villa» qui désignait un domaine rural ou une riche demeure de villégiature. Ceci est valable pour tous les Villers que nous visiterons au cours de cet été. Heest ferait référence à un hêtre magnifique sur le territoire de la commune. Mais pour aller boire un verre avec les camarades motards, il vous faudra quelque peu patienter.

Retour à la terre

Nous traversons d’abord quelques grandes terres de culture. Nous sommes bien dans le grenier à grains (et à sucre) de notre pays. Il émane de cette terre lourde, grasse et riche une odeur caractéristique qui vient chatouiller nos narines. Ah, les joies olfactives de la moto! Nous rejoignons Leuze, puis Eghezée. C’est après cette petite dizaine de kilomètres que nous pourrons aisément profiter d’un café ou d’un chocolat chaud à l’Auberge du Cheval Blanc. Il devient rare de profiter de bistrots, de boulangers, de libraires ou de tous ces commerces de proximité qui animaient nos villages, de l’aube au soir. Nous quittons la grand-route rapidement pour profiter de la N924. Elle nous mène à travers les vastes champs de la Hesbaye. Grenier de notre pays, la germination est déjà bien entamée. Nous traversons l’entité de Wasseige. Tentation gourmande d’un arrêt à l’Epi d’Or pour profiter de délices sucrés, nous résisterons cette fois en nous promettant de revenir prochainement.

Villers-le Peuplier nous attend. Autrefois appelé Villers-devant-Hannut, ce qui est géographiquement le cas, le nom de cette localité se retrouve dans un grimoire, mais orthographié «Villers-le-Popliir». En vieux néerlandais un «popliir» est un peuplier. Nous rejoignons la N64 pour quelques kilomètres rapidement avalés. Quelques jolies routes nous mènent vers Vieux Waleffe et Vaux-et-Borset. Que toutes ces contrées sont bâties!  De plus en plus de lotissements, de villas «clef sur porte» presque identiques poussent comme des champignons. Le béton mange la campagne! Nous passons sur la E42 qui voit les automobiles filer à toute vitesse. Nous profitons d’un nouveau «Villers», le Bouillet cette fois. Ce Villers se serait vu affubler de son suffixe à partir du XVIe siècle. Bouillet signifie «endroit rempli d’eau». Les terres environnantes étaient (et sont restées) très humides et parsemées de nombreuses mares.

Guerre de clocher

Nous reprenons plein nord par des routes sympathiques en traversant Verlaine, Haneffe et Donceel. Nous enchaînons une dizaine de kilomètres sur la N637 et la N61: deux exemples de nos célèbres revêtements «en plaques de béton». Passons notre chemin! Deux autres Villers nous attendent. Villers l’Evêque d’abord, doit son nom à Charles d’Oultremont, prince-évêque de Liège, qui fit tailler un nouveau perron (cours de justice) dans ce Villers. Nous sommes en 1764 et Charles d’Oultremont désamorce ainsi un conflit entre le Bailli de Hesbaye (un certain Lesoyne qui réclamait une cour de justice devant sa demeure) et les Villersois. Ah les conflits de village, ce thème des Villers nous replonge dans une époque méconnue. Si actuellement ce sont les régions qui se cherchent des puces, à l’époque cela se produisait entre les différents clochers! Quelques coups de gaz plus loin nous traversons Villers-Saint-Siméon. Nous sommes ici au croisement de deux anciennes voies romaines. La première est l’actuelle chaussée Brunehaut que nous traversons. Elle reliait la France à l’Allemagne. La seconde est la Rue de Tige que nous empruntons. Elle servait de lien entre Amay, Visé et Maastricht. Des fouilles sur un ancien tumulus romain (au lieu dit «la tombe») révélèrent la présence d’une grande villa romaine.

Visé juste!

Après le village de Hermée, nous découvrons Oupeye pour dégringoler vers la Meuse. La vue se dégage. Sur la gauche, la grande écluse de Lanaye se laisse deviner. Une double langue d’eau traverse le paysage devant nous. Quelques petites routes nous mènent gentiment jusqu’au canal Albert. Cette autoroute pour péniches fait dans la démesure. Construit en 1930 pour accueillir des bateaux de 2.000 tonnes, le Canal Albert a été élargi en 1997 pour accueillir des navires de 9.000 tonnes qui parcourent les 130km entre le port autonome de Liège et le port d’Anvers, le bassin de l’Escaut et la mer du Nord. A peine plus loin, nous traversons la Meuse à Hermalle-sous-Argenteau. Nous profiterons de Visé pour aller nous sustenter. Sur la place Reine Astrid, bon nombre de restaurants vous accueilleront agréablement. Après avoir dégusté une spécialité locale (voir encadré) nous revenons vers Hermalle. Nous sommes à un tournant de cette balade. Si, jusqu’à présent, les paysages et les routes n’avaient qu’un intérêt touristique limité, la seconde partie que nous entamons est composée de «routes à moto». Tout d’abord avec la splendide côte de Richelle qui nous mène sur un plateau verdoyant.

Nous redescendons vers Dalhem. La vieille ville et ses ruines sont agréables à l’œil. Les rues sont bordées de jolies maisons du XVIIe et du XVIIIe siècles. Les courbes nous attendent en direction de l’Abbaye de Val-Dieu. Toute la région est actuellement la proie de nombreux travaux routiers. Mais ne crachons pas dans la soupe. Nous prendrons notre mal en patience pour profiter d’un revêtement tout neuf. Il est temps que la région écoute les usagers de la route! Les contribuables que nous sommes ont droit à un bitume sécurisant et non à des pièges trop souvent mortels. Nous espérons juste que ce nouveau macadam soit de qualité et résiste au temps. Nous faisons l’impasse sur l’Abbaye de Val-Dieu pour passer par le joli village de Neufchâteau. Les paysages du Pays de Herve sont de toute beauté. Par monts et par vaux, on profite des bocages caractéristiques de la région, comme si le coin se donnait des airs de Normandie. Pour couronner le tout, de nombreuses pâtures sont occupées par des moutons qui paissent paisiblement. A notre passage, ils daignent lever la tête et rarement bêler. On aime. Nous glissons à travers ces pâturages pour rejoindre Battice. Une transition de 3km sur la N3 nous permet de reprendre des voies merveilleuses. Du plaisir sur tranche en direction de Soumagne. Bien que, depuis les années ’80, l’habitat s’y soit fort développé, Soumagne reste agréable.

Vers la Vesdre

Nous continuons vertement vers Nessonvaux qui conserve le souvenir de l’usine automobile Imperia. Eh oui, on a aussi produit de (belles) autos en Wallonie! Cela fait du bien d’enquiller ces virages incessants. Nous continuons sur le même rythme en longeant les splendides méandres de la Vesdre. Les longues courbes se prennent à vive allure, en faisant chanter les soupapes. Nous parvenons à la jolie petite ville de Trooz. Le sympathique Musée Auto-Rétro abrite une bonne centaine de véhicules anciens en état concours: une découverte. On reprend de l’altitude vers Gomzée pour passer sous la E25. De Dolembreux, une belle descente en courbes nous amène à Esneux. Nous enjambons l’Ourthe pour aller nous amuser vers Hout-Si-Plout (ce qui, en wallon, signifie «où il pleut»).

Au sortir du bois, nous arrivons au petit village de Limont, avant de nous retrouver à Villers-aux-Tours. Cette commune était au Moyen Age une seigneurie qui relevait du duché de Limbourg (du nom de la localité proche de Verviers, rien à voir avec la province flamande homonyme!). Cette seigneurie faisait partie des sept «Seigneuries d’au-delà des Bois» qui étaient toute des enclaves limbourgeoises dans la principauté de Liège. Nous reprenons vers l’ouest vers Nandrin. Nous sommes toujours sur des routes aux belles qualités motocyclistes. Encore quelques tours de roue pour arriver à notre 7e et dernier Villers pour aujourd’hui: Villers-le-Temple. Son nom provient d’une ancienne commanderie de l’Ordre des Templiers. Tandis que le château de la commanderie fondé par Gérard de Villers (non pas l’auteur des SAS!), est le cœur historique, nous irons boire le dernier verre au Café des Sports à quelques mètres en contrebas de l’église. Pour rentrer en votre logis, Huy et la E25 sont proches. Sinon la grosse Route du Condroz vous mènera directement au cœur de Liège. Bonne route et bon Villers!

La Yamaha FZ8 Naked

Avec sa gueule de roadster râblé et musclé, cette Yam semble faite pour vous allonger les bras! Sous sa nouvelle déco au logo du 50e anniversaire de la participation de la marque au championnat du monde, cette moto cache bien son jeu avec à un moteur souple jusque 3.500 tours, vivant jusque 6.500 et rageur au-delà. Une position de conduite légèrement en appui sur les poignets, les jambes repliées et une absence totale de protection caractérisent ce roadster. Un freinage excellent, doté de l’ABS, finit de mettre en confiance. Après 14 heures de routes pour le repérage de cette BBB, la selle a «soigné» notre postérieur et le manque de protection a généré une belle dose de fatigue sur les 600 bornes parcourues. Mais ce roadster n’est sans doute pas l’idéal pour cet exercice. La maniabilité et la précision en courbe sont sans reproche, hormis un rayon de braquage inadapté à des demi-tours répétés. Une utilisation quotidienne est envisageable si l’on accepte le sac à dos pour ses affaires personnelles. La miniselle passager et l’absence de poignée ne laissent entrevoir le duo qu’en dépannage. A 9.590€, cette FZ8 Naked se destine plus aux petites bourres entre amis qu’à des balades au long cours… 

Arrêts gourmands

– L’Auberge du Cheval Blanc: un cadre agréable, un parking aisé pour les motos, mais le service laisse parfois à désirer. L’Auberge du Cheval Blanc, 1 Route d’Andenne, 5310 Eghezée. Tél.: 081/81.30.35

– Chez Adam: un endroit à recommander. Accueil et services sympathiques, délicieux plats régionaux, décoration de caractère: tout ce qu’on aime! On vous recommande l’oie à l’instar de Visé, incontournable et délicieuse spécialité de la ville.  Chez Adam, 12 place Reine Astrid, 4600 Visé. Tél.: 04/379.89.19 www.chezadam.be

– Café des Sports: faisons vivre les cafés de village! Un endroit sympa pour le « dernier » avant le retour. Café des Sports, rue de la Place, 4550 Villers-le-Temple.