La Route des Eglises Fortifiées de Thiérache – Alléluia

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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La Route des Eglises Fortifiées de Thiérache est un itinéraire touristique fléché par les soins du département des Ardennes. Il nous a servi de fil rouge pour concocter cette BBB 100% hexagonale, mais nous nous en sommes écartés à plusieurs reprises, juste pour le plaisir de «bien» rouler…

Le rendez-vous était fixé à 9h30 à Signy-le-Petit, aimable bourgade située à une vingtaine de kilomètres au sud de Chimay. Fidèle à sa réputation de ponctualité légendaire, quasi helvétique, l’ami Jaco est déjà là, au guidon de sa tout aussi légendaire Tiger «Roulette Green» que vous connaissez bien: l’engin a passé le cap des dix ans d’âge, mais à présent doté d’un amorto tout neuf, il roule comme une jeunesse. Ma récente Tiger 800XC sera en bonne compagnie! A cette heure matinale, difficile de trouver un troquet ouvert pour le «p’tit noir» qui réveille; tant pis, ça sera pour plus tard. Avant de démarrer, ne manquez pas de vous intéresser à l’imposante église de Signy-le-Petit. Rien qu’en la contemplant, on comprend ce qu’église fortifiée veut dire. Des églises du même genre, vous en verrez encore beaucoup sur notre itinéraire, mais celle-ci est certainement l’une des plus marquantes. L’origine de ces extraordinaires églises fortifiées remonte à la Guerre de Cent Ans qui ravagea la région au XVIIe siècle. En ce pays rural et gentiment vallonné, avare en défenses naturelles, les habitants ont, à l’époque, transformé les églises en véritables châteaux-forts, dont certains semblent tout droit sortis d’un livre d’enfant. Tout le monde, hommes, femmes et enfants, sans oublier le bétail, venait s’y abriter en cas de troubles. Conçues comme des bâtiments inexpugnables, ces églises possèdent encore de nos jours des éléments tels que donjons, tours d’angles, meurtrières ou échauguettes! Certains de leurs murs sont parfois épais de plusieurs mètres.

Mettons à présent le cap vers le sud-est et les villages de Tarzy, Antheny et Flaignes. Notre itinéraire emprunte pour commencer de toutes petites routes, parfois bien étroites. Attention aux traces de boue laissées par les tracteurs. Gaffe aussi au road-book: ne suivez pas aveuglement le fléchage «route des églises fortifiées de Thiérache», d’abord parce que certains panneaux sont manquants, ensuite parce que, nous l’avons dit, le parcours que nous vous proposons prend certaines libertés, et parfois même des libertés certaines, avec le tracé «officiel»!

Détour par Gruyères

C’est à L’Echelle que nous marquons une première pause, histoire de profiter du soleil, qui daigne enfin se montrer après cet hiver interminable. Les lieux sont aussi paisibles que charmants, avec une mairie douillettement installée dans le château local. A Rouvroy-sur-Audry, à quelques coup de gaz de là, certains d’entre vous se retrouveront en pays de connaissance: mais oui, nous sommes bel et bien sur cette bonne vieille D985 qui relie Rocroi à Rethel et que nombre de motards de chez nous continuent à emprunter pour rallier la région de Reims, laissant l’autoroute aux automobilistes. Comme on les comprend! A la sortie de la localité, notre itinéraire prend un peu d’altitude et, par beau temps,  la vue porte loin vers l’ouest. Ici pas de radar à craindre: ce qui prime c’est la conduite «à l’instinct», mais gare aux excès d’enthousiasme: les véhicules agricoles sont lents et nombreux et la plaque de gravillons vue trop tard génère des chaleurs dont il vaut mieux se passer! Un peu plus loin, Servion mérite aussi un arrêt, en raison de la tour-porche fortifiée du XVIe siècle que comporte son église.

Plus petits les uns que les autres, les villages se succèdent: Clavy-Warby, Fagnon, Warnécourt… Nous allons à présent délaisser la route des églises fortifiées sur quelques kilomètres, le temps de faire un crochet par le croquignolet château de Gruyères, que notre pote Spity (voir Moto 80 du mois de mars) nous avait fait découvrir il y a plus de dix ans. Si le charme de l’édifice est intact, son environnement immédiat s’est en revanche dégradé, notamment avec la construction de maisons neuves qui font autant tache qu’un gros point noir sur le nez de Miss Monde…

Ah, les belles enfilades

Mais voilà qu’arrive l’heure du fricot. D’accord, vous roulez plus vite que nous, vu que nous, on s’arrête tout le temps pour faire des photos, noter tout ce qui doit l’être, essayer «l’une ou l’autre» variante à l’itinéraire initialement prévu, mais comme nous sommes certainement plus matinaux que vous (on vous connaît…), vous devriez arriver à Launois-sur-Vence ou Signy l’Abbaye pour casser la croûte. Pour notre part, nous avons jeté notre dévolu sur «Le Val de Vence». Nous avons signalé l’endroit dans notre road-book au moyen des pictogrammes ad hoc… Bon accueil d’un patron motard et repas plus que correct pour 12€, boisson comprise. Vive la France et ses «menus ouvriers»! A Launois, ne manquez pas l’ancien relais de poste, demeuré intact depuis le XVIIe siècle. La vaste halle aux diligences, notamment, est un véritable chef-d’œuvre dû au talent des compagnons-charpentiers de ce coin de France. De nos jours, les lieux accueillent régulièrement des brocantes, des rassemblements de véhicules anciens, etc. Dix bornes plus loin, Signy l’Abbaye, que l’on atteint par de larges enfilades qui sont autant de régals motocyclistes, propose également deux bonnes adresses (voir encadré «arrêts gourmands»), mais cela fait quelque temps que nous n’y sommes plus allés… L’itinéraire est plus qu’agréable jusqu’à Rocquigny, avec une mention spéciale pour la portion comprise entre Signy l’Abbaye et Draize, qui donne vraiment envie d’user les côtés de ses pneus!

Rocquigny conserve le souvenir de Jean Mermoz, figure de proue de l’Aéropostale dans l’entre-deux-guerres. Si l’aviateur est né à Aubenton, dans le département de l’Aisne, il a vécu à Rocquigny avec sa mère et est allé à l’école à Mainbressy. Notre itinéraire y passe d’ailleurs… Quelques kilomètres plus loin, le village de Saint-Jean-aux-Bois mérite certainement une halte en raison de sa remarquable halle du XVIIIe siècle, dont le toit était malheureusement en réfection lors de notre passage. Le même commentaire vaut aussi pour les villages de Liart, de Prez et d’Aouste, où, ici encore, de remarquables églises fortifiées vous attendent. Si celle de Prez fait dans le genre petite église de campagne, bucolique, sa voisine d’Aouste, édifice doté d’une massive tour-donjon percée de meurtrières et de canonnières, impressionne par sa puissance. Elle disposait en outre d’un puits et d’une cheminée qui lui permettaient aisément de soutenir un siège assez long. Plus avant sur notre itinéraire, l’église Notre-Dame de Liart, fortifiée au XVe siècle, se signale par une tour-porche rectangulaire ayant l’aspect d’un donjon à deux étages. Les curieuses toitures confèrent au bâtiment une allure de château. Tout près de là, la ferme fortifiée du Maipas (XVIIe siècle) est située au creux d’un vallon, ce qui fait que l’on aperçoit d’abord sa toiture. Le corps de logis se caractérise par ses quatre tours d’angles. Etonnant!

Côté routes, ça reste toujours aussi sinueux et aussi peu fréquenté. Pas de pandores à craindre par ici, mais en cas de crevaison, par exemple, vous risquez d’attendre quelque temps avant de voir arriver l’assistance, à condition bien sûr que vous ayez eu la prudence de souscrire un contrat au préalable. Aussi, petite parenthèse,  nous vous conseillons d’emporter toujours avec vous un kit de réparation tubeless ou une bombe anticrevaison. Et ne pensez pas que ça n’arrive qu’aux autres! Nous, on a déjà connu ce genre de tuile et on peut vous dire que ce n’est pas drôle…

La boucle est bouclée

Nous voici à présent dans les derniers kilomètres de cette boucle qui en compte près de 150. Le retour sur Signy-le-Petit se fait en empruntant la D10, qui passe par Bossus et Fligny. Allez, après tous ces virolos, vous avez bien mérité un petit rafraichissement au Lion d’Or, place de l’Eglise. Le retour en territoire belge se fera soit en remontant sur Chimay par Laneuville-aux-Joutes, soit en rejoignant Couvin via Eteignières. Et attention lors de la reprise de contact avec notre beau pays: cela fait un bon 200 bornes que vous n’avez pas rencontré d’aussi mauvaises routes! L’état de la N964 qui relie l’Escaillère à Couvin, par exemple, est tout simplement scandaleux. Bonne route et prudence, toujours! Rappelez-vous que «le bon motard est le motard vivant…».

Arrêts gourmands

– A Launois-sur- Vence, nous nous sommes régalés de la formule à 12€ (le midi, sauf le week-end) du restaurant «Le Val de Vence». Pour ce prix, vous aurez doit à un buffet d’entrées savoureuses, à un plat du jour (deux choix possibles: lors de notre passage, c’était soit andouillette sauce moutarde, soit carbonades flamandes), à du fromage ou un dessert et à une boisson (quart de rouge, demi de bière, eau minérale ou soft). Pour le reste, l’établissement propose différents menus soignés de 23 à 35€ et une carte. Vu les prix serrés et la qualité proposée, l’endroit est très couru. Il est prudent de réserver.

Le Val de Vence, rue Cécilia Gazanière, 08430 Launois-sur-Vence. Tél: +33 (0)3/24.35.02.93. www.restaurant-le-valdevence.fr

A Signy l’Abbaye, vous avez le choix entre «Le Gibergeon», simple et sans prétention, ou «L’Auberge de l’Abbaye», plus chicos mais plus chère. Le premier sert un menu touristique à 12,50€ et un plat du jour à 7,50€ ainsi que des menus à 23,50 et 30€, alors que le second (fermé le mercredi midi) propose différents menus dont le prix va de 15,50 à 31€.

Le Gibergeon, 7 pl. de l’Eglise, 08460 Signy l’Abbaye. Tél: +33 (0)3/24.52.80.90. www.gibergeon.fr

L’Auberge de l’Abbaye, 2 pl. Aristide-Briand, 08460 Signy l’Abbaye. Tél: +33 (0)3/24.52.81.27. www.auberge-de-labbaye.com

– Pour boire le dernier, nous nous sommes arrêtés à «La Hulotte Au lion d’Or», place de l’Eglise à Signy-le-Petit (tél: +33 (0) 24.53.51.76). Terrasse, bon accueil, cadre agréable… Bref, un café-hôtel-restaurant (menus de 20 à 40€) à recommander. www.lahulotte-auliondor.fr