De Chimay à Chimay – Divine Thudinie

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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Parfois, l’envie de se faire plaisir prend le pas sur tout le reste. C’est avec cette idée derrière la tête que l’on vous emmène parcourir quelques classiques motocyclistes. A la belle saison, ces routes sont bien trop fréquentées à notre goût alors qu’en cette période hivernale, elles  redeviennent un bonheur sur tranche… de pneu! En selle…

On connaît généralement Chimay uniquement pour sa bière et son circuit, voire, pour les plus «intellos», son superbe château. Or, Chimay est aussi une cité des plus accueillantes. Nous en ferons notre point de départ pour cette BBB. Au pied de la collégiale Saints-Pierre-et-Paul, la taverne «Aux Armes de Chimay» nous a permis de nous réchauffer les doigts devant un chocolat chaud. Pour remettre les moteurs à température, nous sortons gentiment de la ville par le célèbre rond-point qui abrite une ancienne cuve de brassage en cuivre: impressionnant et original. Nous quittons les grands axes peu après la sortie de la ville…

Village fantôme

En direction de Lompret, c’est une succession de vallons encaissés découpés par l’Eau Blanche que l’on découvre. On arrive devant Vaulx. Alors que l’itinéraire bifurque directement à gauche, prenez 5 minutes pour appréhender l’étrange atmosphère qui se dégage des lieux. Un peu l’impression d’être dans un village fantôme… Non, ce n’est pas le Far West, mais la réalité de bien des petits villages. Il ne reste que quelques maisons habitées. L’église n’a plus vu de paroissiens depuis bien des années et l’école communale désaffectée se délabre dans le souvenir perdu des cris d’enfants! Surprenant! On quitte ce plateau déserté pour replonger vers l’Eau Blanche, vive et tortueuse. C’est un régal de longer son cours jusqu'à Lompret. Quelques jolies courbes nous mènent sur les bords de l’Etang de Virelles. On longe le splendide bâtiment de l’Aquascope, fait de verre et de bois. Au loin, on devine les miradors et les postes d’observation. Un arrêt «nature» s’impose pour mieux connaître cet environnement dont on parle tant mais dont on connaît peu les enjeux, l’évolution et les équilibres. On suit agréablement les bords du plan d’eau, survolé par un groupe d’oies sauvages.

La nature prend sa revanche

Pour aller longer la rive nord, on vous propose une toute petite route splendide. Mais la prudence s’impose. La verdure a repris ses droits. Les mousses ont colonisé le milieu de la bande bitumeuse. Un peu plus loin, ce seront des trous et des bosses dans le revêtement. Mais l’endroit vaut le détour, les sous-bois sont de toute beauté. La nature qui se réapproprie les espaces bétonnés par l’homme, nous donne une belle leçon de morale. Après ce passage à faible allure, on se fait un gros plaisir. En direction des lacs de l’Eau d’Heure, il est particulièrement agréable de parcourir quelques grands classiques à moto. Plein nord, vers Cerfontaine, un revêtement de qualité et des courbes larges permettent de lâcher la bride à nos montures. Dans le même registre, on contourne le lac de la Plate-Taille. Au croisement de la N589, le barrage sur la droite offre une vue surréaliste. La route droite comme «i» est bordée de poteaux d’éclairage décorés de grands bulbes blancs. Pour les plus anciens, on a l’impression d’être dans un épisode de la série «Le prisonnier»… On reprend plein nord vers Boussu-lez-Walcourt. Une série de jolis villages nous attend. Le hameau de Clermont, perdu dans la campagne, permet de rejoindre Donstienne. Il émane de cette localité paisible une tranquille impression de bien-être. On ne vous en dit pas plus. A vous de découvrir ce bel endroit.

Reconversion et envoûtement

Peu après Donstienne, un étonnant bâtiment tout en hauteur et décoré d’un varappeur géant nous interpelle. Une ancienne sucrerie est passée du statut de complexe industriel à celui de centre de bureaux, perdu au milieu des champs. De quoi en surprendre plus d’un! On arrive à Thuilies pour reprendre la N53 et bifurquer vers Thuin. La capitale de la Thudinie s’offre au regard par un panorama de toute beauté sur la Sambre et ses courbes langoureuses. Vous l’aurez compris, nous avons été conquis. On se glisse à travers les petites rues aux charmes envoûtants pour rejoindre les berges de la rivière. Nous y reprendrons des forces, sur une péniche. Le grand parking permet de garer les motos. Une fois à bord, vous aurez d’un côté vue sur votre moto, de l’autre une vision au ras de la Sambre. Un endroit où revenir en couple, entre amis ou encore à moto.

Mais la route nous attend et cette fois pour aller découvrir d’autres délices: ceux de la distillerie de Biercée. La spécialité qu’est l’Eau de Villée est un autre classique pour les amateurs de la dive bouteille. Nous sommes en pleine campagne juste après Ragnies… Sur votre droite une splendide ferme abrite les bâtiments de la distillerie et une visite s’impose pour, au minimum, remplir les besaces et découvrir les secrets de la dernière distillerie artisanale de fruits en Wallonie. A consommer uniquement après le retour dans votre logis! On reprend des petites routes pour rejoindre une autre splendide demeure, le château du Fosteau. Cette maison forte du XIVe siècle en impose. Ses sept tours lui confèrent un côté mystérieux très agréable. Dans la cour polygonale, on s’attend à voir sortir l’un ou l’autre mousquetaire, accompagné d’une gente dame et d’un duc en partance pour la cour de France. Trêve de rêverie historique, c’est la route qui nous attend…

Retour aux origines

Nous continuons dans des paysages agréables à l’œil, tantôt intimistes, tantôt plus dégagés. Nous arrivons à Solre-sur-Sambre pour aller nous amuser le long de la Thure. Plein sud cette fois, c’est toujours un régal d’enquiller les nombreuses courbes de cette jolie vallée. Après le Bois de Jeumont, Bersillies l’Abbaye avec son petit barrage nous attend. Nous passons la frontière. Ah bon, tu as vu une frontière, toi? Si ce n’est une vieille enseigne sur le dessus de porte d’une maison privée, difficile de savoir si l’on est en France ou en Belgique. Encore quelques courbes le long de la frétillante Thure pour arriver à Cousolre. Recueillez-vous, pèlerin! C’est ici qu’au début du VIIe siècle s’installèrent Walbert IV, seigneur franc, et son épouse Bertille. Mais qui sont-ce, donc? Rien moins que les parents de Sainte-Waudru, née ici en 612, et Sainte-Aldegonde née en 630. Ces deux saintes furent respectivement les fondatrices de Mons et de Maubeuge! Cousolre devint un important lieu de pèlerinage et Charlemagne fit même le déplacement pour y venir prier, rien que ça! Après une courte transition sur la D936, nous traversons Leugnies. Ah, nous revoilà en terre wallonne, pour aller découvrir trois superbes villages: Solre-Saint-Géry, Vergnies et Renlies. Le relief est très doux. Mais la terre se révèle lourde et grasse en cette saison et les maisons de ces villages semblent figées depuis toujours dans cette glaise. La route se fait bucolique. On arrive à proximité de Froidchapelle. Observez bien les creux et les bosses, on dirait presque un paysage indonésien formé de pitons terreux, entre autres dans la dernière descente vers le rond-point de Froidchapelle.

Highway to Hell

Quelques tours de roue nous amènent à la rue de la Queue de Rance. Si Rance est à quelques encablures, la rue que nous empruntons présente l’aspect d’une piste. Les anciennes routes d’Allemagne de l’Est sont des billards comparés à cette voirie dans un triste état. Dommage, car la traversée du Bois Robert est très agréable. Notre attention sera consacrée à éviter les trous et les gravillons. Cela aussi fait partie des joies de la découverte. Au bout de ce mini «Highway to Hell», merci AC/DC, nous reprenons la N53 pour dégourdir nos machines et terminer gentiment ce parcours dans le centre de Chimay. Un arrêt par l’Office du Tourisme est à envisager, l’itinéraire passe juste devant. L’accueil y est chaleureux et les informations données sont de grande qualité. Nous terminerons par l’achat de quelques Bernardins pour ramener à nos proches. Le retour sera facilité en remontant plein nord vers Beaumont, ou vers l’est pour rejoindre Couvin et les grands axes routiers. Bonne balade et bonnes routes hivernales!
 

Chimay est une ville des plus accueillantes, le rendez-vous est fixé au pied de la collégiale Saints-Pierre-et-Paul.
L’église n’a plus vu de paroissiens depuis bien des années et l’école communale désaffectée se délabre dans le souvenir perdu des cris d’enfants!
On s’attend à voir sortir l’un ou l’autre mousquetaire, accompagné d’une gente dame et d’un Duc en partance pour la cour de France.