130 bornes de Herve à Visé – Le Pays de Herve et les Trois Frontières

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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Voici une Belle Balade Belge (et néerlandaise…) qui vous fera découvrir des horizons très variés. Du pays de Herve à la «montagne» batave, en passant par les Trois Frontières – où se touchent la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne – la ville de Maastricht et les Fourons, il y en aura pour tous les goûts, avec pas mal de surprises à la clé.

C’est un peu arbitrairement que nous avions retenu la petite cité de Herve, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Liège, comme point de départ de cette virée. Nos raisons? Accès facile par l’autoroute E40, centre historique valant le coup d’œil et taille a priori suffisante pour nous offrir quelques troquets où avaler, à l’abri d’une averse éventuelle, l’habituel café de début de journée. Las, sur ce dernier point, nous avons dû déchanter: pas le moindre bistro ou taverne ouvert à l’heure, certes matinale, où nous nous étions fixé rendez-vous. Aussi, décidons-nous d’entrer directement dans le vif du sujet et de mettre le cap sur l’abbaye du Val-Dieu, à une petite dizaine de kilomètres à vol d’oiseau. Un peu plus par la route étant donné le caractère aimablement sinueux de ce début de BBB qui emprunte la «Route des Vergers» à travers ce paysage bocager qui fait la réputation du Pays de Herve. On effleure Blégny, on traverse Mortier et par Julémont (notre amical souvenir à cette figure locale qu’est «Monsieur Fernand»!) et on arrive dans la jolie vallée de la Berwinne…

Un site d’exception

Les moines ont très souvent eu le nez fin lorsqu’il s’agissait de dénicher le site où édifier une abbaye. Quand ils s’installaient quelque part, les bougres, c’était au minimum pour quelques centaines d’années! Alors mieux valait ne pas se tromper… L’abbaye cistercienne du Val-Dieu, dans l’entité d’Aubel, ne fait pas exception à la règle. L’endroit, majestueux, niché dans la verdoyante vallée de la Berwinne, respire la sérénité. Vu l’heure matinale, nous nous contentons d’un café et, après avoir effectué nos achats à la sympathique boutique de l’abbaye, nous renouons avec les plaisirs de la route en direction d’Aubel. Quelques kilomètres plus loin, nous passons devant la petite brasserie artisanale «le Grain d’Orge» à Hombourg, avant de rallier Montzen puis Moresnet. Les routes restent aussi agréablement sinueuses que peu fréquentées… La «frontière» entre Wallonie et Région germanophone est maintenant toute proche. Moresnet vaut surtout pour son extraordinaire viaduc ferroviaire qui domine le village et sur lequel circulent toujours, dans un boucan d’enfer, des convois de marchandises. Spectaculaire! On poursuit sur Gemmenich avant de franchir la frontière néerlandaise et de pénétrer dans la localité de Vaals. L’accès aux «3 Frontières» est bien indiqué. Il n’y a qu’à suivre les flèches.

Le «Drielandenpunt»

À l’est de Vaals nous attend une curiosité géographique. Ce sont les «Trois frontières» ou «Drielandenpunt» (tripoint, dans le jargon des géographes) pour le dire dans la langue de Vondel. Des trois «Trois Frontières» que possède notre pays (avec la France et le Grand-Duché, avec le Grand-Duché et l’Allemagne, avec l’Allemagne et les Pays-Bas), celles-ci-sont les plus septentrionales et aussi, il faut bien le dire, l’une des plus touristiques. Evitez donc, si possible, de venir visiter les lieux le week-end. Ne vous attendez pas non plus à de l’exceptionnel: la «Tour Roi Baudouin» est moche et le site, boisé, se révèle assez quelconque même si, depuis la terrasse du restaurant «De Bokkerijder», on bénéficie d’un vaste panorama… sur les cheminées d’usines côté allemand! Bref, pour marquer la pause, mieux vaut béquiller à Vaals, petite agglomération typiquement néerlandaise, toute proprette et soignée.

Notre itinéraire serpente dans la petite ville avant de prendre la direction de la «montagne néerlandaise». À condition de ne pas y aller trop fort sur la poignée (les radars sont nombreux, comme partout aux Pays-Bas), la route est un ravissement: sinueuse, elle monte et descend comme à plaisir et vous offrira même une poignée d’épingles histoire de vous faire croire, l’espace de quelques secondes, que vous êtes dans les Alpes ou le Jura… Les petits villages sont joliment fleuris et de nombreuses terrasses vous tendent les bras pour une halte désaltérante. Un vrai décor de carte postale qui fait un peu penser à la Suisse ou l’Autriche! Ce bonheur ne dure toutefois que quelques kilomètres. À Slenaken, le relief redevient plus conforme à la réputation du pays. Ce qui n’empêche pas la balade d’être plaisante. Attention toutefois aux nombreux cyclistes… On apprécie aussi cet esprit pratique typiquement hollandais qui leur fait installer un distributeur d’œufs tout frais pondus devant une ferme, par exemple, ou transformer un ancien moulin à vent en maison particulière.

Après être remonté vers le nord, notre itinéraire s’infléchit vers l’ouest, à hauteur de Berg en Terblijt. Maastricht n’est, à présent, qu’à un jet de pierre… Nous avons prévu une petite incursion dans cette ville attrayante à l’ambiance presque méridionale, du moins si l’on compare avec les autres cités des Pays-Bas. Et si vous passez par là sur l’heure de midi, Maastricht, c’est aussi l’occasion de (re)goûter à la gastronomie indonésienne, beaucoup plus présente ici que chez nous, et qui a de quoi ravir les papilles. Ce qu’il faut par contre éviter, c’est de faire le plein d’essence: comme partout aux Pays-Bas, les carburants sont hors de prix. Donc, remplissez votre réservoir au début de la balade, vous vous en trouverez mieux!

Fourons… wallons!

À la sortie de Maastricht, ça sent l’écurie. On quitte la ville par l’autoroute direction Liège mais on abandonne rapidement cette voie rapide pour partir musarder dans les Fourons. L’entité, qui regroupe les villages de Mouland, Fourons-le-Comte, Fourons-Saint-Pierre, Fourons-Saint-Martin, Teuven et Remersdaal a été le théâtre d’affrontements communautaires assez chauds voici une trentaine d’années, à l’époque où un certain José Happart, président de l’Action Fouronnaise qui militait pour le retour des Fourons à la province de Liège – les Fourons ont été arbitrairement rattachés au Limbourg en 1963, lors de la fixation définitive de la frontière linguistique en Belgique –, a été élu bourgmestre au grand déplaisir des autorités de tutelle (la province du Limbourg) et des activistes flamingants qui le firent savoir avec leur délicatesse habituelle. Par moments, l’atmosphère a été proche de la guerre civile. À cette époque, il n’était pas toujours évident de trouver son chemin par ici, les panneaux routiers ayant été soit peinturlurés soit carrément arrachés, tandis que le revêtement routier était constellé de slogans «linguistiques» en de nombreux endroits, dont le fameux «Fourons, wallons!».

Aujourd’hui, les lieux certes redevenus plus paisibles, sont toujours intégrés au Limbourg et c’est l’adversaire historique de José Happart, Huub Broers, qui préside aux destinées d’une commune qu’il a habilement «flamandisée» en favorisant l’installation de nombreux citoyens néerlandais… qui votent aux élections communales! Cela dit, les Fourons sont aujourd’hui très agréables à parcourir à moto. C’est une région verte, plantée de nombreux vergers où il fait bon profiter de la douceur de vivre. Nous ne sommes maintenant plus qu’à quelques encablures de Visé, en bord de Meuse, où les terrasses de la place Reine Astrid vous attendent pour le traditionnel «pot» de fin de journée. Bonne route et prudence, toujours!

Arrêts gourmands

L’abbaye du Val-Dieu: c’est finalement ici, au vert et au calme, que nous avons sacrifié au rite du café matinal, traditionnel coup d’envoi de nos balades d’un jour. Le «Casse-croûte» de l’abbaye possède une terrasse accueillante où il fait bon refaire le monde, dans un cadre empreint de majesté qui invite à la sérénité. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h30. Restauration possible jusqu’à 17h30. Une visite au magasin jouxtant les lieux s’impose: on y trouve les excellentes bières de l’abbaye, des cidres et jus de fruits, des fromages de terroir (ah, le Herve dont le délicat parfum s’incrustera dans vos valises si vous n’avez pas eu soin de vous munir d’une glacière!), des bouquins et plein d’autres choses intéressantes…

Le Casse-croûte, abbaye du Val-Dieu, 4880 Aubel. Tél.: 087/69.28.48 (taverne) ou 40 (boutique). www.cassecroutedevaldieu.info

Aux Trois Frontières: le restaurant panoramique «De Bokkerijder», a d’abord suscité chez nous un mouvement de recul en raison de son caractère assez touristique (de fait, mieux vaut éviter les week-ends et jours fériés) et surtout parce qu’il est installé en territoire néerlandais. Les préjugés étant fait pour être combattus, nous nous sommes finalement attablés à la sympathique terrasse des lieux. Bien nous en a pris! Tarifs modérés, fraîcheur des produits, service diligent et souriant sont au programme. Le «Drielandenpunt lunch» à 7,00 € qui réunit fromage du Val-Dieu (B), Limburgse Ham (NL) et Aachener Fleischpastete (D) mérite d’être découvert, tout comme l’Uitsmijter Special.

De Bokkerijder, Drielandenpunt, 6291BX Vaals. Tél.: 00.31/(0)43-3061589. www.bokerijder.nl