Essai Moto Morini Seiemmezzo STR

Actualités Essais Motos Vincent Marique
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À l’instar de la X-Cape, la Seiemmezzo a pleinement sa raison d’être. Reste à voir maintenant ce que Morini sortira encore de son chapeau.

La renaissance de prestigieuses marques italiennes battant désormais pavillon chinois se poursuit avec Moto Morini, qui ne manque pas d’ambitions avec une douzaine de nouveaux modèles annoncés dans les années à venir. Et si cette Seiemmezzo préfigure ce qui nous attend, les choses semblent bien engagées… Voici l’essai que Moto 80 proposait dans son n°867 de février 2023, le Guide d’Achat 2023, une brique de plus de 220 pages!

Texte Pieter Ryckaert – Photos Sima

Des marques prestigieuses, disions-nous. En fait, il faut déjà être un vrai connaisseur des motos italiennes, et surtout des petites cylindrées, pour connaître Moto Morini. Et il faut être de l’ancienne génération pour avoir assisté, au tournant du siècle, à la première renaissance de Moto Morini, alors encore une véritable marque italienne, avec les très sous-estimées Corsaro et Gran Passo 1200, qui furent les témoins d’une existence bien trop brève… Celle qui doit permettre à la marque Moto Morini de renaître une fois encore s’appelle Seiemmezzo. Même si nous n’avons pas tenté de poser la question qui nous brûlait les lèvres, à savoir ce qu’avait encore d’italien cette moto, nous n’avons pas le moindre doute quant à l’origine de son design : cette Moto Morini a été dessinée par des Italiens. Fermez les yeux, oubliez la marque et on pourrait presque apercevoir le monogramme ‘Ducati Monster’ sur son réservoir. L’optique ornant cette Moto Morini Seiemmezzo provient de chez DRL et fait appel à des LED. Quant au tableau de bord, il s’agit d’un TFT de 5 pouces. Au passage, on signalera sur notre moto d’essai un totalisateur kilométrique journalier un peu réticent.

Bien vu

Pour sa Seiemmezzo, Moto Morini a bien fait les choses: les commodos disposent par exemple de touches rétroéclairées. Sur la fiche technique, on aperçoit aussi les noms de KYB et Brembo. La marque a aussi fait le choix d’une roue avant de 18 pouces alors que la norme est aujourd’hui aux 17 pouces. De série, les jantes sont garnies de Pirelli Angel ST. Tant que le manufacturier italien continuera à produire des pneus de 18 pouces – ce qui n’a aujourd’hui rien d’une évidence quelle que soit la marque –, vous aurez l’assurance de disposer d’un pneu d’excellente facture. Le moteur et le châssis sont quasiment identiques à ceux de la X-Cape, même si Morini annonce pour une raison qui nous échappe un couple maximal inférieur de 2Nm par rapport aux 56 dont dispose la X-Cape. Évidemment, sur le papier, les 60 ch de son bloc apparaissent assez modestes par rapport à ce que propose la concurrence. Ce moteur trouve son origine du côté de Kawasaki puisqu’il s’agit de celui de la Versys et de la ER-6. Ce n’est pas non plus un hasard si son cadre tubulaire en acier affiche bien des similitudes avec celui de ces (anciennes) Kawa. La Seiemmezzo dispose par contre d’un nouveau bras oscillant en aluminium faisant très bonne impression malgré son architecture simple. Bref, une mécanique prometteuse et éprouvée.

Vite corrigé

Depuis la selle, cette Seiemmezzo ne semble pas être une petite moto. On a même l’impression de disposer d’une hauteur de selle supérieure aux 810mm annoncés. Juste avant cette Morini, nous avions eu exactement la sensation inverse au guidon d’une Kawasaki Z650RS, qui dispose pourtant d’une selle culminant à 820 mm. Cette impression provient peut-être aussi du fait que la Morini est sensiblement plus lourde que ses concurrentes, comme la XSR700, la Z650RS ou encore la Triumph Trident, dès que le séduisant réservoir est rempli. La différence par rapport à ces modèles s’élève quand même à 11 kilos, ce qui n’est pas rien. Une fois éveillé, le bicylindre en parallèle monte allègrement dans les tours. Pouvait-il en être autrement ? Évidemment, au niveau de la sonorité, il doit baisser pavillon face aux blocs de ses concurrentes. En démarrant, nous avons tout de suite la sensation que la course de l’embrayage est particulièrement courte. Au point même de caler dans un changement de direction. La boîte manque dès lors de souplesse. Dommage, car la souplesse de la boîte est à nos yeux l’un des paramètres essentiels pour la qualité perçue d’une moto. Heureusement, il suffira d’un léger réglage de la commande d’embrayage pour résoudre le souci. Même si la boîte n’affiche pas la même onctuosité que celles de la concurrence japonaise ou britannique, c’est déjà nettement mieux.

Raide

Une fois lancée, cette Morini ne se traîne pas. Son bloc se montre réactif – perdant moins vite de la voix que dans notre souvenir sur la X-Cape – et il apprécie de grimper dans les tours. Il s’exprime vraiment à partir de 5.000tr/min. Mais ici encore, son poids et sa puissance un peu moins élevée se ressentent quand même par rapport aux modèles concurrents. Peut-être les chiffres ne sont-ils pas spectaculairement supérieurs, mais la différence est nettement perceptible. Niveau freinage, les Brembo font du bon boulot, mais ils ne brillent pas par leur retour d’information. Sur un revêtement mouillé, l’ABS s’est déclenché à plusieurs reprises. L’amortissement est plutôt ferme. Et même si nous connaissons de meilleurs amortisseurs que ceux équipant cette Morini, cela reste parfaitement dans les limites de l’acceptable. Une fois encore, on a l’impression que cette Morini paye là un peu son poids et a dû avoir recours à un amortissement un peu plus raide. Personnellement, nous aurions aimé un amortissement plus souple. Mais de toute manière, à l’avant comme à l’arrière, la suspension est entièrement réglable. La roue avant de 18 pouces participe aussi sans doute à cette sensation qu’il faut faire preuve d’un peu plus d’engagement qu’escompté pour inscrire la Seiemmezzo dans les courbes par rapport à ses concurrentes directes équipées d’une roue avant de 17 pouces. Mais pas question pour autant de parler d’un comportement flou.

Conclusion

À l’instar de la X-Cape, cette Seiemmezzo possède toute sa raison d’être. Au niveau de ses qualités dynamiques et, peut-être plus important encore, du plaisir de conduire qu’elle offre, cette Moto Morini n’est pas tout à fait au niveau des concurrentes citées plus haut, mais elle en est très proche. Son prix inférieur d’environ mille euros devient dès lors un sacré argument de vente, même si sa future valeur résiduelle sera sans doute moins élevée. Mais si vous avez envie de conduire une Moto Morini, nous vous donnons notre bénédiction. Et nous sommes aussi impatients de découvrir ce que la marque lancera dans les mois et années à venir. Pourquoi pas une nouvelle Corsaro et une nouvelle Gran Passo? On les entend déjà arriver…

Les +
+          Look sympa
+          Comportement sympa aussi
+          Prix

Les –
–          Un peu lourd
–          Contrôle de qualité
–          Valeur résiduelle