Dans l’intimité de Stéphane Mertens… l’histoire continue!

Actualités Motos Laurent Cortvrindt
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106 victoires et 200 podiums en plus de 35 années de carrière, vice-champion du monde en Superbike, champion du monde en Endurance… Stéphane Mertens possède l'un des plus beaux palmarès des sports moteur en Belgique. Mais qui est l'homme derrière le pilote?

Merci de nous accueillir chez toi, au fin fond de la Belgique, dans un endroit bien calme. Un choix délibéré ou le hasard de la vie?

Le hasard de la vie. J'ai débarqué ici à la naissance de ma fille, fin 2008. Sa maman travaillait au Grand-Duché de Luxembourg et si je voulais vivre avec elle, je devais m'installer dans la région. Les choses ont ensuite évolué au niveau de la structure familiale, je suis reparti à Bruxelles et à Anvers pendant trois ans. Mais j'ai fini par revenir en Gaume malgré mes racines bruxelloises. Je m'occupe de ma fille, cela aurait été dommage de passer à côté de ces moments. La Gaume est une superbe région, où il fait bon vivre… si l'on prend le temps de s'intégrer. J'aime cette nature magnifique, les gens sont très sympas et puis, 200km de distance avec Bruxelles, ce n'est pas le bout du monde.

Nous sommes loin de Mettet et de Spa…

Il n'y a effectivement pas de circuit dans les environs. Le plus proche, le circuit Goodyear, se situe au Luxembourg. Un très bel endroit mais peu développé. Pour mes activités, je ne vais pas à Mettet tous les jours. Je suis à 1h30 de voiture du «pôle relationnel» que constituent Bruxelles et ses environs. Professionnellement, cet éloignement ne pose donc pas de problème. D'un point de vue relationnel, cela change évidemment un peu les choses. Pour souper avec des vieux amis, c'est plus compliqué.

Par contre, c’est le beau coin de la Belgique pour sortir la moto…

Je considère la moto de route comme un moyen de déplacement mais, surtout, de découverte en voyage. Par le passé, j'ai effectué de nombreux voyages tout-terrain en Afrique et en Espagne. Je n'ai découvert les routes de ma région que tout récemment. La vallée de la Sûre, la petite Suisse, la région de Vianden… je n'y avais jamais posé les roues! Je suis également parti en Andalousie avec ma compagne. Un petit trip, de quelques jours à une semaine, c'est l'idéal.

Quelles motos t’excitent en ce moment?

J'aime évidement les sportives. Comme la Yamaha R1, idéale pour mon école de moto. Ou la Ducati Panigale V2, au caractère si particulier et avec laquelle je suis monté sur le podium des 6 Heures de Spa. Mais je ne conçois leur utilisation que sur circuit. Sur routes, ces motos sont inexploitables. Mes véhicules personnels sont axés sur les aspects pratiques et le confort. Mais si, en plus, ils peuvent être esthétiques et permettre également de se faire plaisir, c'est le bonheur! Pour mon usage privé, j'ai acheté une Yamaha Tracer 900. Un compromis très accessible. Une moto légère et facile d'utilisation. La Kawasaki Versys aurait également pu me convenir, voire la Ducati Multistrada que je trouve superbe, comme beaucoup de Ducati.

La moto vit peut-être un moment charnière: Yamaha a sorti la Niken à trois roues, Harley-Davidson vient de commercialiser sa Livewire 100% électrique. Qu’est-ce que cela t’inspire?

La moto est un domaine intéressant avec ses innovations incessantes, même si elles n'intéressent parfois qu'une petite frange des motards, à l'instar d'une moto à trois roues ou d'une moto électrique. J'apprécie cette découvre de nouvelles choses, des sensations inédites car le motard reste toujours très impliqué dans la conduite, quelle que soit sa machine. C'est très intéressant. Il y a un côté physique incontournable dans la pratique de la moto. Au niveau design, cela évolue également beaucoup et l'impact d'un changement peut se révéler colossal: la série des MT a, par exemple, largement aidé Yamaha à sortir du trou! Globalement, la qualité m'impressionne dans le monde de la moto. Elle résulte de la concurrence féroce entre les constructeurs. Autre conséquence: le marché vit une évolution perpétuelle. Un constructeur est obligé d'innover sans arrêt. La différence entre chaque machine fait aussi la force de notre secteur: chaque moto possède son propre caractère et si on pouvait passer une journée à essayer toutes les machines du Salon de Bruxelles, ce serait fantastique!

Comment vit-on la moto dans la famille Mertens?

Ma famille n'a jamais eu le virus de la moto. Mon père roulait très bien en voiture et aurait certainement fait un bon motard. Il a d'ailleurs possédé une XT 250 mais elle sortait peu du garage. Ma passion de la moto ne vient clairement pas de ma famille. Quand j'étais jeune, ma 50cc constituait mon moyen de locomotion. Néanmoins, mon père m'a apporté son soutien même si j'ai financé personnellement ma première machine. Ma mère m'encourageait aussi à sa façon. Elle me disait toujours: «Sois prudent… mais gagne!» Elle a stressé durant toute sa vie… Aujourd'hui, ma compagne Nathalie aime la moto. C'est une excellente passagère, elle ne dit pas non à une balade ou un voyage. Ma fille a, quant à elle, suivi quelques stages chez Richard Hubin. Elle se montre très prudente, elle adore rouler à moto mais à son rythme. Elle est très fière de ce qu'elle fait mais elle ne pratique pas beaucoup. Je ne la pousse pas.

De quoi sont faites tes journées?

D'un travail de bureau, évidemment, pour gérer le volet administratif des journées de la Mertens Riding School. Il s'agit actuellement de mon activité principale. J'essaie toujours de faire du sport, comme de la musculation et du fitness afin de conserver un corps équilibré du point de vue musculaire. Et bien entendu des exercices cardiovasculaires, en salle en hiver, et en extérieur quand il fait bon. J'essaie de marcher tous les jours avec mon chien. Et quand ma fille est à la maison, je m'occupe évidemment d'elle, entre l'école et ses activités extrascolaires. J'arrive à trouver une bonne balance entre ma vie professionnelle, ma vie de mari et ma vie de père. C'est une question d'organisation. Pour le reste, je suis sur la route, pour les rendez-vous commerciaux. Et naturellement sur les circuits lors des stages de conduite.

Penses-tu que tu étais prédestiné à faire carrière dans le sport de haut niveau?

J'ai, en tout cas, toujours eu la compétition dans le sang. En athlétisme, je voulais courir plus vite que les autres… C'était en moi, j'avais véritablement la rage. Je ne voulais pas écraser les autres mais j'ai toujours ressenti ce besoin de me mesurer. Au hockey sur gazon, je jouais à l'attaque et je ne pensais qu'à marquer des buts. Jusqu'au jour où j'ai tout plaqué, d'un coup. Le système de l'époque n'était pas compatible avec la pratique intensive d'un sport et ça m'a véritablement brisé.

Rêvais-tu déjà de moto à l'époque?

Oui. En 1978, j'avais déjà acheté une Kawasaki 400 pour participer au «Casque Samouraï», alors que je pratiquais encore l'athlétisme. En définitive, je ne participerai pas à cette compétition. Je roulerai néanmoins à Nivelles, comme beaucoup de monde à cette époque, et, déjà, je me montrais très rapide en dépassant tout le monde, à l'instinct. Je rêvais de devenir pilote de moto depuis mes 11 ans. Ma chambre d'internat était tapissée de photos du Continental Circus et de motos. Dans un carnet, pendant deux ans, j'ai décompté tous les jours qui me rapprochaient de mes 16 ans. Cette flamme a été allumée par Jacky Ickx et Michel Vaillant. En 1969, lors de la victoire de Jacky aux 24 Heures du Mans, j'étais comme hypnotisé devant ma télévision. Et ensuite, très vite, cette passion pour l'automobile s'est transférée à la moto. Et quand j'ai vu le film «Continental Circus», tout est devenu très clair. C'est ça que je voulais faire! C'était ancré en moi tellement fort! Même si je ne suis passé «à l'action» que sur le tard, à mes 21 ans…

Revenons en arrière. Quand commences-tu à t’intéresser à la compétition moto?

Bernard Ansiau était dans la classe de ma copine de l'époque. Et un jour, en allant chercher celle-ci à moto à la sortie de l'école, je tombe sur Bernard qui m'annonce qu'un garage, Baele & Schmitz, cherche un pilote pour rouler en coupe Kawasaki. Je roulais déjà en Kawasaki 1000 sur route et la moto avait opéré la connexion entre Bernard et moi.

Quand perçoit-on ton potentiel?

Lors de ma première saison en 1980, un trop plein d'impulsivité et de rage combiné à un manque de maîtrise m'a régulièrement envoyé au tapis, ruinant de la sorte de bons résultats potentiels. En compétition, l'expérience joue un rôle prépondérant, même à ce niveau. Mais dès la saison suivante, je remporte ma première victoire, à Gedinne, en partant dernier car j'avais cassé mon moteur aux essais. Dans la foulée, je deviens champion de Belgique de Course de côte et je m'achète une TZ pour participer au Championnat d'Europe 250cc. Et dès ma première qualification pour une course, lors de la troisième épreuve de la saison, à Mettet, je monte sur le podium. J'étais lancé.

Comment se passe le début de carrière?

Je me suis alors dit que je pouvais jouer le titre pour ensuite mettre le cap sur les Grand Prix. Il a donc fallu monter une équipe professionnelle et trouver des sponsors. Tout est finalement allé très vite.

La suite, on la connait mieux. Quels sont les moments forts de ta carrière?

C'est difficile à dire car une carrière se voit jalonnée d'énormément de moments forts en émotions, positives ou négatives, et, surtout, de rencontres qui font, ou ne font pas, la différence. Si je devais citer deux moments où l'émotion m'a submergé, il y a certainement ce jour où j'ai dû dire à mon ami Bernard Ansiau que nos chemins allaient devoir se séparer car le responsable de mon team voulait travailler seul. J'en ai pleuré et je me suis senti mal très longtemps. Ensuite, la rencontre avec Kenny Roberts m'a ouvert les yeux sur un nouveau monde: celui de la technique de pilotage.

Et au niveau des résultats?

Il y a évidemment ma première victoire à Gedinne, en Championnat de Belgique. La course de Mettet en Championnat d'Europe 250cc avec ma 3e place, en venant de nulle part. Le déclic qui m'a véritablement lancé. Et enfin je dirais ma première victoire en Championnat d'Europe, à Imatra, quinze jours avant de me battre en Grand Prix. De la Finlande, j'avais décidé de me rendre en Suède pour le GP, sans rentrer chez moi. J'ai fait le pied de grue plusieurs jours, sur le parking devant l'entrée, dans mon mobile home. Et grâce à Angel Nieto, j'ai pu me faire engager par le directeur de course. Ne pouvant participer qu'au dernier jour de qualification, je réussirai néanmoins à obtenir mon visa pour la course, in extremis, en 36e position. Même en partant de la dernière place, je parviendrai à me battre aux premiers postes avec Sarron et Lavado, avant que l'usure de mes pneus ne provoque ma chute… Mais à partir de ce moment-là, tout le Continental Circus s'est demandé qui j'étais. Je venais de me faire un nom. Entre 1980, année de mon engagement en Coupe Kawasaki, et 1983, qui me voit me battre avec Sarron et Lavado, les choses s'étaient enchaînées à une vitesse fulgurante. Et si je peux encore citer quelques bons moments, je dirais mes victoires en Endurance, au Bol d'Or, le graal pour un pilote avec le monde dans les tribunes et l'envahissement de la piste, et aux 24 Heures de Spa-Francorchamps, et certainement ma victoire au Castellet, en Superbike devant Roche qui roulait à domicile. Ces victoires m'ont apporté une grande satisfaction. Car ce n'est pas toujours le cas. Parfois, même après une victoire, tu vois le côté négatif des choses.

Cela vient de ton côté perfectionniste ou de l'éternel insatisfait que tu es?

Au fond de moi, je dois toujours travailler ma pensée positive. Donc oui, je suis sans doute un éternel insatisfait. Je suis quelqu'un d'angoissé par le fait de ne pas pouvoir prester comme il faut, de ne pas être prêt à temps. Mais cela fait aussi ma force car je me remets beaucoup en question. Je ne me suis jamais présenté pour une compétition en étant sûr de moi, rien n'est jamais acquis.

As-tu l’impression d’avoir tiré tout le potentiel de ta carrière ou penses-tu que d’autres circonstances t’auraient permis de faire mieux?

Oui, je suis habité par une grosse frustration. Avec le temps, cela commence à s'atténuer mais je dois vraiment prendre énormément de recul pour considérer ma carrière avec le respect qu'elle impose. J'aurais dû obtenir davantage de résultats en Grand Prix. Je suis arrivé au niveau des meilleurs pilotes par mon travail et ma recherche permanente de l'évolution. Mais pour rivaliser avec les tout meilleurs Américains et Australiens, il me manquait le bagage du dirt-track. Je m'y suis mis, mais en retard. Et c'est sans doute ce qui m'a coûté ma place en 500cc dans l'équipe de Kenny Roberts. Cela s'est joué à très peu dans les négociations et les résultats car mon nom figurait dans leur short liste. Je ne bénéficiais pas du meilleur matériel. J'ai roulé au-delà des limites et c'était «tout ou rien». La gestion mentale d'une compétition m'a aussi manqué. Et cette frustration vient sans doute également du manque de reconnaissance dans ma jeunesse. Cela m'a toujours poursuivi.

Comment as-tu fait pour rivaliser avec les Américains, des pilotes littéralement nés sur des motos alors que tu n'as débuté qu'à 21 ans?

C'est simple: j'ai dû me battre. Je suis arrivé à maturité un peu trop tard. Quand j'étais en Grand Prix, je ne bénéficiais malheureusement pas encore d'un bagage complet. Déjà à l'époque, quand nous faisions de l'athlétisme ensemble, Jacques Borlée m'avait initié à la préparation mentale. Une sorte de yoga qui sert à contrôle son corps, la respiration, à conserver la maitrise de ses actes lorsque l'on roule… Un champion se forge un mental qui lui donne les bons outils pour pouvoir réagir quand les choses tournent mal. Cela ne s'acquiert pas en une saison. Cela prend du temps et quand tu peux commencer le plus tôt possible, tant mieux!

Il y a 30 ans, on ne parlait pas non plus de préparation en dirt-track…

Effectivement. Les négociations n'ayant finalement jamais abouti, je n'ai malheureusement pas roulé pour Kenny Roberts. Mais dès 1988, j'ai pu venir m'entrainer dans son ranch. Ce fut une énorme compensation. Avant cela, je pensais n'avoir rien à apprendre de personne. Or, en GP, Roberts m'avait déjà signalé que je rentrais trop vite dans mes virages et que j'en sortais mal. C'était vrai, je rentrais très fort dans les courbes en freinant énormément. Je ne comprenais tout simplement pas ce qu'il me disait. Mon franc est tombé en arrivant aux États-Unis et en découvrant le dirt-rack. L'important, c'est la préparation de la sortie du virage. Kenny Roberts a ensuite créé un ranch à Barcelone, où il a fait venir tous les Espagnols. Jusqu'à cette découverte, j'avais toujours tout fait à l'instinct, comme les Européens. Les Américains et les Australiens avaient, à cette époque, plusieurs longueurs d'avance sur nous grâce à leur maitrise de la glisse, l'attitude sur la moto…

Finalement, tu iras quatre fois chez Kenny Roberts…

Et à chaque fois durant plusieurs semaines. Ce n'est pas après un stage de deux jours chez Valentino Rossi que tu changes du tout au tout. Il y a une transition entre le dirt-track et la vitesse: le supermotard. C'est là que tu peux commencer à glisser avec un peu plus de sécurité que sur une moto de vitesse. L'important consiste à rouler à 100%, à la limite du décrochage. Mais tout le temps! C'est ce qu'on peut faire en supermotard.

Après le Supersport et les Grand Prix, vient l'Endurance…

C'est une autre phase de ma carrière, beaucoup moins stressante que la première et davantage centrée autour de ma passion. Alors certes, j'ai roulé dans des cadres moins prestigieux, les conditions n'étaient plus les mêmes mais j'ai davantage profité de ces instants et j'en conserve d'excellents souvenirs. C'est évidemment très gratifiant de parvenir à arriver en Continental Circus. On réalise son rêve de jeunesse. Mais en réalité, on débarque surtout dans le monde du business. Un monde très cruel, où les sanctions sont immédiates, et où de nombreux paramètres extrasportifs jouent énormément.

Que dirais-tu aux jeunes talents belges qui aspirent à devenir pilotes professionnels?

À un jeune pilote, je dirais que l'entourage se révèle primordial. Il faut des personnes qui vont lui permettre de boucler un budget. Pour y arriver, il ne faut pas avoir peur de se vendre. L'argent ne tombe pas du ciel, le relationnel peut se révéler essentiel au cours d'une carrière. L'enthousiasme peut être freiné car on a l'impression de se vendre. Mais il faut y croire et ne pas avoir peur de frapper aux portes, sans complexes. Si des personnes soutiennent un pilote, c'est parce que le retour les intéresse. S'ils ne le sont pas, tant pis, qui ne demande rien n'a rien. Ensuite, aujourd'hui, un outil magnifique et tout nouveau se met à la disposition des jeunes pilotes de 8 ans à 14 ans: la Belgian Motorcycle Academy. Les jeunes intéressés ne doivent pas hésiter à prendre contact. Un centre de pilotage permet de fédérer et créer une saine émulation entre les pilotes. Une ambiance de groupe permet de se dépasser soi-même en voulant dépasser les autres. C'est ce qui se fait en Espagne ou en France. Enfin, à un pilote plus confirmé, je conseillerais de garder la rage mais tout en s'ouvrant à d'autres horizons. On apprend tous les jours, il faut avoir soif pour sans cesse se dépasser. Les pilotes belges doivent bien se rendre compte qu'ils sont obligés d'être plus rapides que leurs adversaires espagnols ou italiens. Sinon, vu le potentiel de notre marché, ils n'ont aucune chance d'être sélectionnés. Et vu la longueur du chemin à parcourir: ne jamais oublier de prendre du plaisir et de rester patient! On ne devient pas Champion du monde du jour au lendemain. Si un jeune a besoin de conseils, ma porte est toujours ouverte!

Pilote, ce n’est qu’une phase de la vie. Quand as-tu commencé à penser à l’après carrière?

Cette deuxième phase de ma vie est venue naturellement, avec l'envie de transmettre. Je ne la considère d'ailleurs pas comme une seconde phase mais davantage comme la prolongation de la première. J'ai toujours pratiqué beaucoup de sport: athlétisme, hockey, voile, plongée… J'ambitionnais de devenir sportif de haut niveau. Mais, malheureusement, à l'époque, le type de structure nécessaire n'existait pas encore en Belgique. J'ai été entraineur, animateur, j'ai passé différents brevets, j'ai d'ailleurs suivi des études d'éducateur physique. Enseigner, apprendre… tout cela me parle énormément, j'ai toujours baigné dans cette atmosphère. L'envie de transmettre ma passion est donc venue très naturellement par la suite. Aujourd'hui, je parviens à gérer l'activité de la Mertens Riding School, du moins dans ses grandes lignes. Je me suis néanmoins toujours fait aider, encore aujourd'hui par ma compagne Nathalie, et bien entendu par toute mon équipe lors des événements. La structure s'est développée à force de travail et de découvertes. Je continue donc à évoluer dans mon monde, en côtoyant des personnes que je connais depuis des années. Le relationnel fait depuis longtemps partie du métier de pilote. Je ne fais que le prolonger avec mes partenaires et clients. Cela n'a jamais constitué un problème pour moi, bien au contraire. Aujourd'hui, un sportif doit être un peu «public relation». Tout cela aide à devenir un «entrepreneur». Et je m'appuie sur mon expérience. Quand je gérais mon team, je devais aussi organiser les déplacements, penser au matériel et aux équipements, m'occuper du sponsoring, rémunérer les collaborateurs, etc. La dynamique est similaire. Un team c'est une sorte de petite entreprise. L'histoire continue.

Comment s’est construite cette école de conduite? Aujourd’hui, on en voit un peu partout…

Comme je l'ai dit, j'ai eu envie de partager mes expériences. Déjà en 1993, j'avais pensé à monter une structure belge de coaching. Puis en 1997, j'ai constaté qu'il fallait relancer la filière belge et stimuler à nouveau les pilotes dans notre pays. J'ai alors proposé un concept à la Fédération belge mais celle-ci n'a pas souhaité y donner suite. En 1998, Michel Nickmans m'a approché et nous avons monté un stage de moto ensemble. Cela m'a plu et j'ai continué, avec des amateurs alors qu'à la base je pensais m'engager pour la compétition de haut niveau. Je ne suis plus dans le même discours mais c'est un plaisir énorme de pouvoir apporter de la satisfaction à mes clients, quelle que soit leur recherche. Et aujourd'hui, nous avons de plus en plus de motards routiers qui viennent se faire plaisir et se former sur le circuit de Mettet, qui se prête très bien à ce type d'activité. Cela fait donc déjà 20 ans.

Stéphane Mertens, en décalé

Si j’allume ton iPhone, je vais trouver quel style de musique?

Si ma fille est à la maison, elle prend les commandes. Sinon, en ce moment, j'écoute Saule, que j'ai rencontré dernièrement. Et quand je travaille, c'est plutôt lounge.

Livre ou tv?

La TV reste incontournable mais elle me stresse en cette période particulière. Je lis le soir avant d'aller dormir.

Shopping ou balade en forêt?

Balade en forêt, sans hésiter. Et si possible avec mon VTT.

Cabriolet ou coupé?

Plutôt monovolume, pour partir en vacances avec la famille ou embarquer mon vélo et mes sacs de moto.

Quel est ton sport préféré, en dehors du motocyclisme?

Difficile de choisir entre l'athlétisme et le hockey sur gazon, deux disciplines pratiquées de nombreuses années, avant que je ne débute la moto.

Un film incontournable?

Je viens de voir «Le bain», avec Benoît Poelvoorde. Le film n'est pas incontournable mais j'aime son message: aller au bout de ses rêves.

Un type de cuisine préféré?

J'ai la chance d'avoir une compagne qui cuisine magnifiquement bien! Je suis assez ouvert au niveau des cuisines: italienne, japonaise, française, espagnole…

Une destination de vacances?

L'Asie, pour le dépaysement incroyable.

Qu’est-ce qui t’énerve?

La mauvaise foi et le manque de respect.

Et qu’est-ce qui te fait rire?

La dérision, les gens qui ne se prennent pas au sérieux. Un comportement naturel et spontané plutôt que celui qui «connait la dernière».

Sur une île déserte, si tu ne pouvais emporter que trois objets…

Je prends mon VTT, parce que j'ai passé ma vie à vélo. Mon masque et mon tuba, pour pratiquer davantage la plongée. Et mes chaussures de jogging. Transformons cette île en terrain de découverte!