Sur les traces des « forçats de la route »…

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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Bien des points communs unissent la «petite reine» et nos gros cubes rutilants. Outre l’état des routes que nous partageons (sans commentaires…), il y a pour le vélo comme pour la moto des fans de telle ou telle marque, des adeptes du tout-terrain, des passionnés de route, des adeptes du voyage sur deux roues ou  encore des spécialistes de la piste. De plus, le vélo est sans doute le dernier domaine où l’on peut faire l’apologie de la vitesse sur la voie publique. Pour tenter de découvrir ces «autres deux-roues», nous vous emmenons à la découverte de quelques-uns des «monstres» à mollets de notre jolie Wallonie. 

Faites chauffer l’embrocation

Rendez-vous à La Roche, au char MK10 situé au croisement de la N833 et de la N89. Le temps de descendre dans le centre-ville et de se réchauffer à la taverne «A l’Amitié» (mais sans Diekirch,…), nous abordons tout de suite les hostilités. La côte de La Roche fait rugir nos moteurs. Imaginez les jambes des grimpeurs! Quelques courbes précèdent une ligne droite avant un très long double S. En tout, 2,8km à 4,9% de moyenne. En arrivant au sommet, à l'orée du sous-bois, on respire. Les yeux découvrent de jolis panoramas, puis la route se prend à belle allure jusqu’à Ortho. On pique à gauche sur une petite voie très agréable qui nous mène à Nisramont, connu pour son barrage en contrebas. Il émane du village une impression de quiétude typiquement ardennaise. Les maisons en pierre de pays sont campées solidement en cette terre chargée d’histoire. Dotées de petites fenêtres, construites avec un seul étage bas de plafond, ces demeures respirent l'authentique. On plonge en tournicotant gaiement jusqu’au barrage. Trois petits kilomètres pour atteindre la N860… On continue sur l’angle en longeant l’Ourthe orientale avec son air de ru perdu entre les arbres, cherchant timidement un passage.

On glisse sous l'E25. Loin au-dessus de nos têtes, les automobiles roulent sans s’imaginer les joies que nous éprouvons: viveles courbes jusqu’à Houffalize. On traverse la riante petite cité, aujourd'hui devenue au VTT ce que Monaco est à la F1, pour rejoindre notre seconde séance de torture pour les muscles: la Côte de Saint-Roch. Large, presque majestueuse, elle est néanmoins courte. 800 mètres seulement, mais avec un beau 12%. Vu du bas, ça impressionne. Après un beau virage droit, la pente se calme. On pique sur la gauche vers le paradis des motards. Vissoule, Tavigny, Cetturu et Rettigny seront des bouffées de civilisation perdues dans une nature resplendissante. Nos pneus s’useront sur tranche pendant près de 20 bornes! Entre Serpigny et Courtil, nous profitons à nouveau d’une vue magnifique. La circonspection sera toutefois de rigueur car, à Bovigny, l’état du revêtement est lamentable: plaques de goudron, gravillons, trous, bosses et même des passages où l'asphalte a complètement disparu. Gaffe, vraiment!  Heureusement ce calvaire est court.

Stavelot la maudite

On rejoint la N68. Plus rapide, elle nous mène, en longeant le Glain, jusque Vielsalm. Après la cité des Macralles, nous profitons des grandes courbes de la même N68. Peu après Grand-Halleux, ne manquez pas de piquer à droite vers Wanne. Notre troisième rendez-vous «massacre pour gambettes» se décompose en deux parties. La première ascension, très raide jusqu’au hameau de La Vau, est suivie d’une seconde portion un peu moins ardue pour atteindre Wanne. Il existe une variante à la côte de Wanne. Nous vous la présentons, mais en descente cette fois. Deux belles épingles à cheveux et l’on plonge vers Stavelot. A peine effleurons-nous la cité des Blancs-Moussis, que l’on repart pour notre quatrième «monstre en cuisses majeures»! La côte du Stockeu, ça vous dit quelque chose? Une abomination! Sans élan possible, on se retrouve devant un mur. Quelques habitations «agrémentent» le début de cette côte rectiligne, raide, impressionnante. Le revêtement se dégrade. Un léger virage à gauche semble annoncer une accalmie dans ce calvaire, les difficultés ne font que commencer. La pente s’accentue encore. Après 1.100 mètres d’enfer, les cyclistes méritent bien un arrêt devant la stèle en hommage à Eddy Merckx.

Pour nous, il suffit de piquer à gauche pour aller traverser les faubourgs de Stavelot. On laisse l’Abbaye et son Musée du Circuit (avec quelques très belles motos liégeoises!) sur la droite. La jolie place Saint-Remacle nous fait goûter ses terribles pavés dignes de Paris-Roubaix. Au détour d’une rue, nous sommes arrêtés au feu rouge. Droit devant nous, un autre mur abrupt, une nouvelle horreur pour les mollets, la Haute Levée! Elle grimpe tout droit à travers le massif forestier. Une seule courbe à gauche, puis le calvaire continue pour rejoindre le plateau. Sur votre droite, en contrebas, le circuit de Francorchamps fait entendre le rugissement de centaines de chevaux débridés! Nous quittons les environs de Stavelot, la «maudite des cuisses». Ne manquez pas sur votre gauche, une route à peine plus large qu’un sentier, parfaitement goudronnée avec de jolies épingles à cheveux.

On continue en beauté et tout en courbes. Quelques hameaux accrochés à la colline agrémentent le parcours: Ruy, Moulin de Ruy et Roanne. On arrive à la N633 pour rejoindre La Gleize. Après une première montée jusqu'à Borgoumont, un nouveau supplice pour vélocipédistes: le col du Rosier. Moins impressionnant que les précédents avec ses 4%, ses 6,5km sont cependant capables de venir à bout des volontés les plus inflexibles. Chaque courbe semble promettre la délivrance, mais à chaque fois, l'ascension reprend de plus belle! Du sommet du col, la descente sur Spa est impressionnante. Cette route se donne des airs de cols des Alpes, nous frôlons la roche sur la droite. A gauche, l’à-pic entre les sapins donne le frisson. La cité thermale nous attend pour une pause déjeuner de bon aloi. La Place Verte, un peu moins touristique (quoique…), offre différentes possibilités.

Redoutable et redoutée Redoute

Nous n’y resterons pas longtemps, à Spa… D’autres coups de pédales, pardon, d’autres coups de gaz, nous attendent. Peu après la cité thermale, on attaque une autre séance de torture pour les gambettes: le col du Maquisard. Il démarre sec, par une belle épingle à droite, très appréciée des spectateurs de la dernière édition des Legend Boucles de Spa, vous savez, ce remake des «Boucles» d'antan pour voitures anciennes et classiques. Fin de la parenthèse automobile…

Après quelques virages, une nouvelle et superbe épingle à cheveux gauche nous amuse beaucoup. Sans doute moins si nous étions en train de pédaler! L'ascension se termine par deux lignes droites peu avenantes pour les mollets. On glisse sur le couple de nos tricylindres jusqu’à La Reid. Theux est à quelques tours de roue. Et voilà déjà une nouvelle géhenne: le Mont Theux, en ligne droite, sans fioriture, mettra tout le monde d’accord! Ses 2,7km à 5,2%, sont encore un terrain où peuvent s'exprimer les qualités physiques et mentales des amateurs de vélo. Une jolie route de transition nous fait redescendre au niveau de l’Amblève à Remouchamps. On arrive à Sougné et c’est un autre tourment, plus grand encore, qui nous attend. La célèbre «Redoute» commence méchamment et se termine dans un véritable enfer. Avec une moyenne de 8,4%, nous aurions mis pied à terre depuis longtemps si nous avions été à bicyclette. Les miracles du moteur à combustion interne nous épargnent ces fatigues.

On continue vers Sprimont. Au centre de la cité de la pierre, nous prenons l’étonnant double rond-point avant d’entamer la côte du Hornay. Encore un piège à crampes! Avec son kilomètre de long, elle présente une douce pente de 6,3%. Facile, non? Au sommet, on pique à gauche pour dévaler sur Esneux. On franchit l’Ourthe et l’on enroule du câble sur la très jolie N638. Cette belle nationale, en bon état (si, si!) est un délice. Dans votre élan, ne manquez pas la bifurcation à droite vers Berleur. Une petite route, toute en virolos, nous mène à Nandrin. Quelques bornes sur le plateau de Strée et l’on entame la plongée vers Huy.

Huy au bout du mur

C’est à l’entrée de la ville sur la place Saint-Denis que débute le onzième et dernier massacre à mollets: le Mur de Huy, rendu célèbre par la Flèche Wallonne. Dès le début cette route est infranchissable. A moto, qui osera passer la seconde? Au milieu de l’ascension, une épingle à gauche vient corser l’affaire. Ce passage affiche 26% (oui, vous lisez bien…)! Un truc de fous! Nous terminons notre balade au sommet, devant l’église. Le centre-ville permettra de boire le dernier verre en pensant à tous les valeureux «forçats de la route» qui méritent bien leur nom. Bonne route, bonnes grimpettes et bon retour chez vous!

Une affaire de %

La difficulté d’une côte s’exprime en pourcentage: l’exemple le plus parlant est l’épingle du mur de Huy, avec 26% de déclivité. Mais à quoi correspond ce pourcentage? C'est tout simple: à chaque fois que vous parcourez 100 mètres à l’horizontale, vous grimpez de 26 mètres à la verticale. Dans le cas de Huy, ce pourcentage, c’est l’enfer. Une côte comme le Stockeu de Stavelot affiche une moyenne de 10,5% soit tous les 100 mètres à l’horizontale, un gain en altitude de 10,5 mètres. Simple à comprendre, difficile à grimper!

Merci au Vélo Club Tilffois

C'est avec la complicité de la sympathique équipe du Vélo Club Tilffois que nous avons concocté cette BBB. Ce club existe depuis 1969 et a pour but de promouvoir le tourisme à vélo. Chaque année, le club organise le TBT (Tilff-Bastogne-Tilff), une épreuve où près de 10.000 cyclotouristes, de 15 nationalités différentes, sillonnent les routes que nous vous présentons. Avec 3 parcours proposés (68, 122 ou 235km), l’organisation est soignée. Rendez-vous le 12 juin pour découvrir le TBT, et le Vélo Club Tilffois. A découvrir sur www.tbt-vctilffois.be