KTM 350 EXC-F et 450 EXC, sœurs mais pas jumelles

Essais Motos Frederic Daveloose
Partager

S’il est bien une épreuve au calendrier belge qui permet de bien tester une machine d’enduro, c’est certainement le Cross Country de Honville. Ce n’est donc pas une surprise si KTM Belgique organise depuis plusieurs années sa journée de test sur le même site, la veille de l’épreuve mythique. Moto 80 a donc saisi l’occasion pour engager dans la course d’endurance tout-terrain de 4 heures deux nouvelles machines de la gamme autrichienne.

Notre choix s’est assez naturellement porté sur la nouveauté indéniable qu’est la KTM 350 EXC-F, plébiscitée et testée tous azimuts. La nouvelle cylindrée se devait d’être présente. Et pour l’épauler: une moto apparemment plus connue, la 450 EXC. Deux quatre-temps modernes, deux cylindrées éloignées seulement de 100cc et deux architectures totalement neuves dans une partie-cycle toute nouvelle, elle aussi.

 

Plaisir de fin de saison

Avec son circuit d’environ 8km, le Cross Country de Honville est devenu une «classique» de fin de saison. Disputée mi-octobre, elle peut se dérouler sous la pluie froide et battante ou, comme cette année, sous un soleil radieux. La météo change beaucoup la donne sur ce tracé varié, alternant des portions de chemins forestiers larges et rapides et des sections beaucoup plus techniques où les enduristes purs et durs peuvent rendre la monnaie de leur pièce aux crossmen souvent très rapides partout ailleurs. Si le temps est humide, le tracé se dégrade au fil des 4 heures et la course devient vite très éreintante. De longues montées en caillasse mettent les hommes et les machines à mal lors de chaque tour et les bourbiers sapent ce qui peut rester d’énergie. Cette année, le parcours était bosselé et cassant mais aucune section n’était vraiment difficile: une guerre d’usure donc pour les 140 équipages engagés.

Une fois encore, l’organisation impeccable du Honville Moto Club, sous l’égide de Marcel Mouton, allait procurer une bonne journée de moto aux presque 300 pilotes engagés: un tracé identique chaque année mais varié et plaisant, un parc d’assistance impeccablement organisé, un timing et un chronométrage au top et un service médical compétent et rapide. Une épreuve ardue mais qui fait l’unanimité depuis quinze ans. Après avoir récupéré les deux motos, utilisées la veille pour les «testing days», nous avont effectué une inspection des machines, des niveaux et des pressions et apposé le numéro 29 attribué à notre équipage. Première constatation, malgré une nuit fraiche passée à la belle étoile, les deux KTM «craquent» au premier coup de démarreur, en partie grâce à la grande nouveauté 2012 de la gamme enduro: l’injection électronique Keihin. La présence d’un choke est un peu étonnante cependant.

 

Bardées de nouveautés

Aux premiers tours de roues, la différence entre ces deux motos se fait déjà entendre, avec une 350 qui penche plus vers la 250 que vers sa grande sœur 450. Les régimes sont élevés comme sur une plus petite cylindrée mais le couple est clairement supérieur. Le moteur est dérivé du bloc de cross du modèle SX-F 350, qui a déjà connu de beaux succès en course. L’architecture lui ressemble, avec une culasse double arbre à cames mais un taux de compression plus bas et des masses rotatives plus lourdes pour un comportement plus adapté à l’enduro, favorisant la motricité. La lubrification se fait en deux circuits: boite et embrayage séparés de l’embiellage et la culasse.

De son côté, au niveau des nouveautés, la 450 tourne d’une façon nettement plus régulière que le modèle EXC-R des années précédentes. Probablement grâce à l’injection mais aussi grâce aux masses réduites dans ce tout nouveau moteur. Car si la cylindrée est connue, le bloc de la 450 est, lui aussi, tout neuf. En plus de l’injection, on notera un embrayage à ressort diaphragme et une lubrification à un circuit (commun moteur-boite, simplifiant donc l’entretien mais peut-être aux dépens de l’usure moteur). La transmission reste à 6 rapports et la culasse accueille un unique arbre à came. Le tendeur de chaine hydraulique est abandonné pour un modèle plus simple à cliquets. La course se déroulant à deux pilotes, il était aisé de comparer ces deux machines en alternant les relais de façon à effectuer le parcours sur des montures différentes. Avec un tracé usant, il nous paraissait naturel de pencher vers la 350 pour profiter de son poids inférieur et de son inertie moindre. Le moteur plus joueur allait-il compléter le tableau idéal sur papier?

 

Vivacité ou sérénité?

Il est certain que la petite développe une puissance très honorable, ne faisant défaut ni dans les longues montées empierrées sans élan ni dans les ornières boueuses. Son moteur est assez rempli et souple mais il est surtout vif et joueur, avec des montées en régime très franches. Il est certain que cette 350 EXC-F doit exceller dans une spéciale d’enduro technique et sinueuse. Cependant, sa vivacité et son couple clairement supérieur à celui d’une 250 EXC-F lui causent un petit déficit en motricité: si les pneus sont un peu fatigués, le bloc explosif rencontrera des difficultés à transmettre son énergie sur un sol glissant.

A ce petit jeu-là, la «bonne grosse» 450 EXC nous a bien étonnés. Encore plus linéaire qu’auparavant, tournant mieux et avec moins de vibrations, le gros bloc «motrice» mieux et à un régime inférieur. Sa réserve de puissance impressionnante permet de passer un rapport supérieur si le sol devient gras. Sur le tracé de Honville, où les vagues se creusent et les bosses sont légion, l’inertie supérieure de la 450 en fait une moto plus reposante à emmener sur la durée. Plus stable, elle épargne un peu plus les pilotes de taille moyenne qui formaient l’équipe Moto 80. Mais évidemment, quand on ouvre en grand, c’est une puissance impressionnante qui déboule! Il est évident que sur un enduro type FMB, la 350 EXC-F permettra d’offrir une performance plus explosive et son inertie inférieure sera alors une alliée dans les spéciales courtes. Par contre, pour des courses d’endurance, des «classique» françaises ou de la randonnée sportive, la 450 peut être rassurée, elle a encore de beaux jours devant elle!

Les deux KTM «craquent» au premier coup de démarreur, en partie grâce à la grande nouveauté 2012 de la gamme enduro: l’injection électronique Keihin.

Il nous paraissait naturel de pencher vers la 350 pour profiter de son poids inférieur et de son inertie moindre. Le moteur plus joueur allait-il compléter le tableau idéal sur papier?